Appendice I
Lettre de George F. George Stanley à John Ross Matheson : traduite et annotée par Auguste Vachon
Cette lettre, écrite à l’origine en anglais, mérite une traduction intégrale, car c’est le professeur Stanley qui a proposé tous les éléments qui se retrouvent sur le drapeau du Canada. C’est donc lui qui fait autorité lorsqu’il s’agit d’établir le symbolisme des couleurs et de la feuille d’érable qui le composent. Beaucoup d’opinions exprimées après l’adoption officielle du drapeau reflètent des impressions personnelles et, assez souvent, de nettes orientations politiques. C’est pourquoi, il incombe de revenir constamment au contenu de la lettre de Stanley. Quelques additions explicatives dans le texte figurent entre parenthèses carrées et les notes de fin de document ajoutent plusieurs précisions et parfois des corrections factuelles. Ceci n’enlève rien à la solide argumentation de l’auteur, notamment son assertion qu’il a choisi la feuille d’érable parce qu’elle représente depuis longtemps les Canadiens, à la fois francophones et anglophones, et que le rouge et le blanc symbolisent aussi bien la Grande-Bretagne que la France royale du temps de la Nouvelle-France, deux affirmations que viennent amplement confirmer les annotations. Stanley insiste aussi sur les caractéristiques essentielles à un drapeau national efficace : unicité, simplicité et absence de symboles liés aux origines raciales qui tendent à diviser. Il souligne aussi la nécessité de styliser la feuille d’érable, l’élément central du drapeau qu’il propose pour le Canada.
Ceux qui veulent lire la lettre originale la trouveront ici : http ://people.stfx.ca/lstanley/stanley/flagmemo2.htm.
Ceux qui veulent lire la lettre originale la trouveront ici : http ://people.stfx.ca/lstanley/stanley/flagmemo2.htm.
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CMR 1001-Histoire
COLLÈGE MILITAIRE ROYAL DU CANADA
KINGSTON, ONTARIO
KINGSTON, ONTARIO
CONFIDENTIEL
Le 23 mars 1964
Monsieur John Matheson
Député fédéral de Leeds
Chambre des communes
Ottawa, Ontario
Député fédéral de Leeds
Chambre des communes
Ottawa, Ontario
Cher Monsieur Matheson,
Donnant suite à notre conversation de la semaine dernière concernant les drapeaux et l’héraldique, je vous fais part de quelques observations comme vous l’avez demandé.
1) Le drapeau canadien
(a) Il ne semble pas avoir existé de drapeau canadien officiel pendant l’Ancien régime. Au besoin, on arborait l’étendard royal de la France où figuraient trois fleurs de lis dorées sur fond blanc [1]. Pendant la période britannique on utilisait le drapeau de l’Union communément appelé Union Jack.
(b) Le Red Ensign avec les armoiries du Canada sur le battant identifiait la marine marchande. En 1924, le Parlement l’autorisait à flotter sur des édifices canadiens à l’étranger afin de les différencier des édifices britanniques, p. ex. le bureau canadien à Genève. En 1939, on autorisa (je crois par ordre en conseil) un drapeau de combat spécifique à la 1re Division canadienne [2]. Il s’agissait d’une enseigne blanche conçue par le colonel [A. Fortescue] Duguid. Toutefois ce drapeau se révéla inadéquat et il fut remplacé par le Red Ensign en vertu d’un ordre du G.O.C. au C. [officier général commandant au Canada], 1re armée canadienne [3]. En 1945, un ordre en conseil autorisait le Red Ensign à flotter sur des édifices publics au Canada [4].
2. Les emblèmes canadiens
(a) Deux emblèmes sont généralement associés au Canada, le castor et la feuille d’érable. Le castor remonte aux débuts de la traite des fourrures. Un castor figurait dans les armoiries concédées à sir William Alexander par Charles 1er. Frontenac proposait le castor comme emblème canadien à Colbert en 1673 [5]. Le castor se retrouvait aussi dans les armoiries de la Compagnie de la baie d’Hudson et celles de la ville de Montréal. Cependant, à partir du milieu du dix-neuvième siècle, la feuille d’érable dépassait le castor quant à son utilisation et sa popularité.
(b) Les Canadiens français ont les premiers utilisé la feuille d’érable comme leur emblème [6]. En 1806, le journal Le Canadien proposait l’adoption de la feuille d’érable comme emblème du Canada [7]. En 1834, la Société St. Jean-Baptiste l’adoptait comme emblème [8]. Cependant, on retrouve la feuille d’érable dans le Haut-Canada lors de l’inauguration du monument du général Brock sur les hauteurs de Queenston Heights [9]. En 1860, beaucoup de gens portaient la feuille d’érable comme un symbole canadien lors de la visite au Canada du prince de Galles (le future Édouard VII) [10]. De nombreuses dames portaient des broches d’argent à feuille d’érable semblables à celles que portait la reine mère (Elizabeth) [veuve de George VI]. La feuille se retrouve dans les armoiries du Québec, de l’Ontario et du Canada.
3. Les drapeaux et l’héraldique
(a) À l’origine, l’emblème héraldique n’était rien de plus qu’une marque grâce à laquelle, en des temps violents, on réussissait à différencier un ami d’un ennemi et un chef de ses combattants. Aussi les premières pièces héraldiques étaient-elles très simples : chevrons, croix, burelles. Les couleurs également étaient simples. Mais avec le temps, les emblèmes héraldiques se dotèrent de nouveaux ornements avec l’ajout d’un cimier personnalisé, de lambrequins, listeaux, devises et quartiers. La nécessité d’établir des règles et règlements s’imposait comme aussi le besoin de créer des organismes spécialisés pour contrôler l’utilisation et l’enregistrement de ces emblèmes ou armoiries.
(b) Les drapeaux figurent parmi les emblèmes héraldiques. On les arbore pour marquer l’allégeance ou l’identité nationale. Dans le passé, ils s’inspiraient des croix des saints patrons, d’insignes royaux ou des couleurs de livrée des armoiries du souverain. Par conséquent, le drapeau demeure la forme la plus dépouillé des créations héraldiques. Il reflète la simplicité sans les fioritures propres aux armoiries personnelles. C’est pourquoi il ne faut pas les confondre avec les armoiries d’États, de municipalités ou de personnes physiques ou morales. Je doute que les drapeaux doivent adhérer aux mêmes règles rigoureuses de l’héraldique qui s’appliquent aux armoiries personnelles ou autres.
4. Principes à respecter dans le choix d’un drapeau canadien
a) La simplicité – c’est-à-dire sobre et dépouillé;
b) facilement reconnaissable;
c) arborant les couleurs et les figures traditionnelles;
d) servant de symbole de ralliement et donc de force unificatrice.
5. L’application des principes énoncés à un drapeau canadien
a) Un drapeau canadien ne devrait pas inclure de multiples pièces héraldiques comme c’est le cas pour les armoiries. Un drapeau incorporant les armoiries du Canada serait sans doute approprié pour le gouverneur général comme chef d’État du Canada, mais je pense que le Red Ensign est inapproprié du fait qu’il est surchargé et porte sur le battant des armoiries complexes.
b) Le drapeau d’un pays ne doit pas être confondu avec celui d’un autre pays. Par conséquent, en choisissant un drapeau, il faut veiller à ce qu’il n’inclut pas des symboles intimement associés à d’autres pays, p. ex. rayures, étoiles. Un drapeau canadien doit inclure assez de symboles du pays pour qu’on le reconnaisse comme étant canadien même vu de loin. À mon avis, le Red Ensign, qui ressemble de près au pavillon marchant de la Grande-Bretagne et aux drapeaux de plusieurs colonies britanniques, ne répond pas aux besoins du Canada du fait qu’il est difficile de le reconnaître comme étant canadien lorsque vu à distance.
c) Les couleurs que l’on associe aujourd’hui au Canada sont le rouge et le blanc. Ces couleurs sont traditionnelles dans le sens qu’on les considère à la fois être celles de la Grande-Bretagne et celles de la France. Notons à ce propos que l’oriflamme de combat des Français au Moyen Âge était une pièce de soie rouge [11]. La couleur blanche se retrouve sur le drapeau royal de la France orné de fleurs de lis dorées pendant les XVIIe et XVIIIe siècles (voir alinéa 1a) [12]. Elle figure également sur la croix de Saint-Georges [croix rouge sur fond blanc]. Par conséquent, le rouge et le blanc sont clairement les couleurs traditionnelles des Canadiens français et anglais. De plus ces couleurs furent approuvées comme étant spécifiquement canadiennes du fait qu’elles figurent dans les armoiries assignées au Canada en 1921 (notamment trois feuilles d’érable rouges sur fond blanc) [13].
d) L’emblème héraldique traditionnel du Canada est la feuille d’érable (voir alinéa 2b). Cet emblème est sanctionné officiellement du fait qu’elle figure dans deux armoiries provinciales [Québec et Ontario] et dans les armoiries officielles du Canada. Les troupes canadiennes l’arboraient pendant deux guerres mondiales comme aussi les équipes olympiques canadiennes (y compris les couleurs rouge et blanc). La feuille d’érable semble jouir d’une reconnaissance universelle aussi bien au Canada qu’ailleurs comme emblème canadien distinctif.
e) Pour que le drapeau soit un symbole unificateur, il doit éviter les symboles nationaux ou raciaux qui sont de nature à diviser. Il n’est évidemment pas recommandable d’inclure, dans un drapeau purement canadien, des symboles typiquement nationaux comme l’Union Jack ou la fleur de lys. Les sentiments raciaux devraient se contenter de la présence du rouge et du blanc, s’il faut nécessairement aborder la question sous cet angle.
6. Propositions
a) Un drapeau qui respecterait la plupart des principes énoncés ci-dessus serait un simple drapeau rouge et blanc portant une feuille d’érable stylisée. Un tel drapeau pourrait se présenter comme suit :
Donnant suite à notre conversation de la semaine dernière concernant les drapeaux et l’héraldique, je vous fais part de quelques observations comme vous l’avez demandé.
1) Le drapeau canadien
(a) Il ne semble pas avoir existé de drapeau canadien officiel pendant l’Ancien régime. Au besoin, on arborait l’étendard royal de la France où figuraient trois fleurs de lis dorées sur fond blanc [1]. Pendant la période britannique on utilisait le drapeau de l’Union communément appelé Union Jack.
(b) Le Red Ensign avec les armoiries du Canada sur le battant identifiait la marine marchande. En 1924, le Parlement l’autorisait à flotter sur des édifices canadiens à l’étranger afin de les différencier des édifices britanniques, p. ex. le bureau canadien à Genève. En 1939, on autorisa (je crois par ordre en conseil) un drapeau de combat spécifique à la 1re Division canadienne [2]. Il s’agissait d’une enseigne blanche conçue par le colonel [A. Fortescue] Duguid. Toutefois ce drapeau se révéla inadéquat et il fut remplacé par le Red Ensign en vertu d’un ordre du G.O.C. au C. [officier général commandant au Canada], 1re armée canadienne [3]. En 1945, un ordre en conseil autorisait le Red Ensign à flotter sur des édifices publics au Canada [4].
2. Les emblèmes canadiens
(a) Deux emblèmes sont généralement associés au Canada, le castor et la feuille d’érable. Le castor remonte aux débuts de la traite des fourrures. Un castor figurait dans les armoiries concédées à sir William Alexander par Charles 1er. Frontenac proposait le castor comme emblème canadien à Colbert en 1673 [5]. Le castor se retrouvait aussi dans les armoiries de la Compagnie de la baie d’Hudson et celles de la ville de Montréal. Cependant, à partir du milieu du dix-neuvième siècle, la feuille d’érable dépassait le castor quant à son utilisation et sa popularité.
(b) Les Canadiens français ont les premiers utilisé la feuille d’érable comme leur emblème [6]. En 1806, le journal Le Canadien proposait l’adoption de la feuille d’érable comme emblème du Canada [7]. En 1834, la Société St. Jean-Baptiste l’adoptait comme emblème [8]. Cependant, on retrouve la feuille d’érable dans le Haut-Canada lors de l’inauguration du monument du général Brock sur les hauteurs de Queenston Heights [9]. En 1860, beaucoup de gens portaient la feuille d’érable comme un symbole canadien lors de la visite au Canada du prince de Galles (le future Édouard VII) [10]. De nombreuses dames portaient des broches d’argent à feuille d’érable semblables à celles que portait la reine mère (Elizabeth) [veuve de George VI]. La feuille se retrouve dans les armoiries du Québec, de l’Ontario et du Canada.
3. Les drapeaux et l’héraldique
(a) À l’origine, l’emblème héraldique n’était rien de plus qu’une marque grâce à laquelle, en des temps violents, on réussissait à différencier un ami d’un ennemi et un chef de ses combattants. Aussi les premières pièces héraldiques étaient-elles très simples : chevrons, croix, burelles. Les couleurs également étaient simples. Mais avec le temps, les emblèmes héraldiques se dotèrent de nouveaux ornements avec l’ajout d’un cimier personnalisé, de lambrequins, listeaux, devises et quartiers. La nécessité d’établir des règles et règlements s’imposait comme aussi le besoin de créer des organismes spécialisés pour contrôler l’utilisation et l’enregistrement de ces emblèmes ou armoiries.
(b) Les drapeaux figurent parmi les emblèmes héraldiques. On les arbore pour marquer l’allégeance ou l’identité nationale. Dans le passé, ils s’inspiraient des croix des saints patrons, d’insignes royaux ou des couleurs de livrée des armoiries du souverain. Par conséquent, le drapeau demeure la forme la plus dépouillé des créations héraldiques. Il reflète la simplicité sans les fioritures propres aux armoiries personnelles. C’est pourquoi il ne faut pas les confondre avec les armoiries d’États, de municipalités ou de personnes physiques ou morales. Je doute que les drapeaux doivent adhérer aux mêmes règles rigoureuses de l’héraldique qui s’appliquent aux armoiries personnelles ou autres.
4. Principes à respecter dans le choix d’un drapeau canadien
a) La simplicité – c’est-à-dire sobre et dépouillé;
b) facilement reconnaissable;
c) arborant les couleurs et les figures traditionnelles;
d) servant de symbole de ralliement et donc de force unificatrice.
5. L’application des principes énoncés à un drapeau canadien
a) Un drapeau canadien ne devrait pas inclure de multiples pièces héraldiques comme c’est le cas pour les armoiries. Un drapeau incorporant les armoiries du Canada serait sans doute approprié pour le gouverneur général comme chef d’État du Canada, mais je pense que le Red Ensign est inapproprié du fait qu’il est surchargé et porte sur le battant des armoiries complexes.
b) Le drapeau d’un pays ne doit pas être confondu avec celui d’un autre pays. Par conséquent, en choisissant un drapeau, il faut veiller à ce qu’il n’inclut pas des symboles intimement associés à d’autres pays, p. ex. rayures, étoiles. Un drapeau canadien doit inclure assez de symboles du pays pour qu’on le reconnaisse comme étant canadien même vu de loin. À mon avis, le Red Ensign, qui ressemble de près au pavillon marchant de la Grande-Bretagne et aux drapeaux de plusieurs colonies britanniques, ne répond pas aux besoins du Canada du fait qu’il est difficile de le reconnaître comme étant canadien lorsque vu à distance.
c) Les couleurs que l’on associe aujourd’hui au Canada sont le rouge et le blanc. Ces couleurs sont traditionnelles dans le sens qu’on les considère à la fois être celles de la Grande-Bretagne et celles de la France. Notons à ce propos que l’oriflamme de combat des Français au Moyen Âge était une pièce de soie rouge [11]. La couleur blanche se retrouve sur le drapeau royal de la France orné de fleurs de lis dorées pendant les XVIIe et XVIIIe siècles (voir alinéa 1a) [12]. Elle figure également sur la croix de Saint-Georges [croix rouge sur fond blanc]. Par conséquent, le rouge et le blanc sont clairement les couleurs traditionnelles des Canadiens français et anglais. De plus ces couleurs furent approuvées comme étant spécifiquement canadiennes du fait qu’elles figurent dans les armoiries assignées au Canada en 1921 (notamment trois feuilles d’érable rouges sur fond blanc) [13].
d) L’emblème héraldique traditionnel du Canada est la feuille d’érable (voir alinéa 2b). Cet emblème est sanctionné officiellement du fait qu’elle figure dans deux armoiries provinciales [Québec et Ontario] et dans les armoiries officielles du Canada. Les troupes canadiennes l’arboraient pendant deux guerres mondiales comme aussi les équipes olympiques canadiennes (y compris les couleurs rouge et blanc). La feuille d’érable semble jouir d’une reconnaissance universelle aussi bien au Canada qu’ailleurs comme emblème canadien distinctif.
e) Pour que le drapeau soit un symbole unificateur, il doit éviter les symboles nationaux ou raciaux qui sont de nature à diviser. Il n’est évidemment pas recommandable d’inclure, dans un drapeau purement canadien, des symboles typiquement nationaux comme l’Union Jack ou la fleur de lys. Les sentiments raciaux devraient se contenter de la présence du rouge et du blanc, s’il faut nécessairement aborder la question sous cet angle.
6. Propositions
a) Un drapeau qui respecterait la plupart des principes énoncés ci-dessus serait un simple drapeau rouge et blanc portant une feuille d’érable stylisée. Un tel drapeau pourrait se présenter comme suit :
A
|
B
|
b) Des deux propositions ci-dessus, je préfère (A). Ce drapeau, je l’avoue, est très similaire à celui qui flotte actuellement sur le Collège militaire royal du Canada. La différence essentielle est que ce dernier inclut le cimier du CMRC (un bras en armure) sur le tiers qui est blanc [au lieu de la feuille d’érable] [14].
c) La présence de deux tiers de rouge n’a pas de signification particulière. Je voulais simplement procurer une surface blanche pour y placer la feuille d’érable rouge stylisée. Si on accordait la même surface au rouge et au blanc, la symétrie et l’équilibre du drapeau serait détruits lorsqu’on placerait la feuille d’érable sur la partie blanche [15].
d) La présence d’une feuille d’érable stylisée est, à mon avis, préférable à trois feuilles d’érable sur une seule tige. La seule feuille a le mérite d’être simple, de mettre l’accent sur le symbole distinctif canadien, d’évoquer la notion de loyauté à un seul pays. Sous cet angle, la feuille s’apparente à l’aigle, à l’étoile ou au croissant qui sont les symboles nationaux d’autres pays. Comme je le mentionnais à l’alinéa 3b, il ne me paraît pas souhaitable d’adhérer de près aux règles et conventions que préconise le Collège des hérauts, et ceci parce qu’un drapeau n’est pas des armoiries, mais un emblème dans sa forme la plus simple et la plus primitive.
J’espère que ces quelques observations viendront étayer nos travaux. Si je puis vous venir en aide d’une façon ou d’une autre, je serai heureux de le faire.
Sincèrement vôtre,
[signature]
(G. F. G. Stanley),
Doyen de la Faculté des arts
[signature]
(G. F. G. Stanley),
Doyen de la Faculté des arts
GFGS/kr
Notes
[1] Les drapeaux blancs fleurdelisés d’or contrevenaient à une règle fondamentale du blason qui veut qu’on évite de placer deux métaux l’un sur l’autre, les métaux étant blanc (argent) et jaune (or). Je doute que de tels drapeaux soient parvenus en Nouvelle-France. Ces drapeaux se retrouvaient peu en France au temps de la Nouvelle-France, une rare exception étant une peinture où il accompagne Henri IV (Hervé PINOTEAU, La symbolique royale française Ve-XVIIIe siècles, Loudun, PSR Éditions, 2003, p. 640, 650). L’observation de Stanley provient probablement de Doughty qu’il cite dans son ouvrage : The Story of Canada’s Flag. Selon Doughty : « Un drapeau blanc figure sur un dessin du XVIIIe représentant la prise de Québec en 1759; d’autres gravures représentent également des forts français surmontés du drapeau blanc fleurdelisé. C’est pourquoi je conclus que ce drapeau fut l’emblème de la France au Canada pendant la majeure partie du régime français. » : Arthur G. DOUGHTY, « Le Drapeau de la Nouvelle France » dans Mémoires et comptes rendus de la Société Royale du Canada, 3e sér., vol. 20, mai 1926, p. 46. Doughty a peut-être repris cette notion d’une autre source : « Avant 1760, dit M. Benjamin Sulte, le drapeau était blanc, semé de fleurs de lis d’or : il y en avait généralement trois posées au centre. Le bleu était employé également, mais formait un drapeau à part, car on ne mettait pas ces deux couleurs ensemble sur une même enseigne. » : Édouard BLONDEL, « Les drapeaux canadiens » dans La Presse, 10 avril 1920, p. 8. Ici Blondel cite Sulte et ne le cite pas nécessairement correctement. Ce qui intéresse Stanley, c’est la couleur blanche du drapeau qui est la couleur officielle de la France royale. Il n’a pas tort d’insister sur le blanc en rapport avec le Canada. Le drapeau le plus présent et accepté en Nouvelle-France était le pavillon entièrement blanc de la marine royale ou marine de guerre française. Il flottait sur les forts et était parfois présent lors des prises de possession de territoires. Les Canadiens de l’époque le considéraient être le drapeau de la nation française. Au début de la colonisation du Canada par la France, des fleurs de lis d’or ornaient la bannière royale bleue appelée bannière de France. Ces faits sont bien documentés : René CHARTRAND, « Les drapeaux en Nouvelle-France », dans Conservation Canada, vol. 1, no. 1, 1974, p. 26. Voir aussi Auguste VACHON : http://heraldicscienceheraldique.com/banniegravere-de-france-et-pavillon-blanc-en-nouvelle-france.html; http://heraldicscienceheraldique.com/les-pavillons-de-la-marine-marchande-en-nouvelle-france.html et https://heraldicscienceheraldique.com/i-le-tricolore-de-la-france.html, figure 16.
[2] Le Ministère de la défense nationale autorisait ce drapeau en 1939 : Ronald E. WILLIS, Historical Flags of Canada 1604-1965, Manuscrit illustré par Richard D. Foster, conservé à Bibliothèque et Archives Canada, papiers Willis, cote MG 31, D32, p. 24. Voir aussi Francis J. DUNBAR et Joseph H. HARPER, Old Colours Never Die, Oakville (Ontario), F.J. Dunbar and Associates, Inc., 1992, p. 205-206.
[3] Le 10 novembre 1943, l’Aviation royale canadienne ordonnait à ses unités servant avec d’autres nations d’arborer le Red Ensign canadien de concert avec son drapeau particulier et, le 22 janvier 1944, l’armée canadienne adoptait la même mesure pour ses unités combattant avec les forces armées d’autres nations : http://encyclopediecanadienne.ca/fr/article/red-ensign-canadien/.
[4] Le décret autorisait l’utilisation du Red Ensign sur les édifices fédéraux au Canada jusqu’à ce que le Parlement adopte un nouveau drapeau national.
[5] Plus précisément des armoiries pour la ville de Québec contenant un castor, voir http://heraldicscienceheraldique.com/les-origines-du-castor-et-de-la-feuille-drsquoeacuterable-comme-emblegravemes-canadiens.html.
[6] Les deux collectivités linguistiques, francophone et anglophone, ont reconnu la feuille d’érable comme emblème canadien à peu près en même temps. Voir http://heraldicscienceheraldique.com/comment-la-feuille-drsquoeacuterable-devient-emblegraveme.html et http://heraldicscienceheraldique.com/la-socieacuteteacute-saint-jean-baptiste-et-la-feuille-deacuterable.html. La prétention que la feuille d’érable comme emblème canadien remonte à la Nouvelle-France est sans fondement. Elle a pour origine une supposition vaguement formulée de Benjamin Sulte : http://heraldicscienceheraldique.com/la-feuille-drsquoeacuterable-en-nouvelle-france.html. Par contre, il est bien documenté que les Amérindiens fabriquaient les premiers du sirop et du sucre d’érable, d’où un lien entre les Premières Nations et l’érable : Joseph-François LAFITAU, Moeurs des sauvages amériquains comparées aux moeurs des premiers temps, Paris, Saugrain l'aîné 1724, p. 154-155 et planches : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86029431/f186.item.zoom.
[7] On a souvent prétendu, sans préciser le mois ni le jour, que la Gazette de Québec / Quebec Gazette de 1805 décrivait la feuille d’érable comme étant l’emblème des Canadiens français. Pour ma part, j’ai parcouru ce journal pour l’année en question sans retrouver une telle mention. La première mention de l’érable, non pas sa feuille, comme représentant la collectivité francophone se retrouve quelques mois plus tard dans Le Canadien du 29 nov. 1806, p. 8. Il contient une épigramme intitulée « Fable dédiée au Mercury », un journal rival, où l’érable, personnifiant les Canadiens francophones, accuse le rosier, personnifiant l’Angleterre, de blesser malicieusement les passants avec ses épines. Voir http://heraldicscienceheraldique.com/comment-la-feuille-drsquoeacuterable-devient-emblegraveme.html.
[8] Ce n’est qu’au banquet de 1836 que Benjamin Viger, président de la Société St. Jean-Baptiste, prononce un discours affirmant que l’érable est « l’emblème du peuple canadien ». Ludger Duvernay, ancien président, s’exprime dans le même sens en chanson. Un discours et une chanson ne constituent pas une adoption formelle, voir http://heraldicscienceheraldique.com/la-socieacuteteacute-saint-jean-baptiste-et-la-feuille-deacuterable.html.
[9] Une cérémonie réunissant entre 12 000 et 15 000 personnes pour la pose de la pierre angulaire du deuxième monument dédié à Brock eut lieu le 13 octobre 1853, anniversaire de son décès, et l’inauguration du monument se déroula le 13 octobre 1859. L’Encyclopedia Canadiana (vol. 3, Grolier, 1958, p. 412) affirme que : « En 1853, on chargeait le président et vice-président de la Loyal Canadian Society à Grimsby, Ontario, de concevoir une bannière pour figurer dans la procession lors de l’inauguration du monument Brock et certains documents démontrent que de grandes feuilles d’érable ornaient un côté de la bannière. ».
[10] Le 21 août 1860, une réunion des Canadiens nés au pays se tenait au St. Lawrence Hall de Toronto. Dans la procession organisée pour la visite du Prince de Galles cette année-là, ils proposaient de porter une broche arborant une feuille en argent pour se démarquer des sociétés Saint-George, Saint-Andrew et Saint-Patrick représentant les Anglais, les Écossais, et les Irlandais. Le compte rendu de la réunion par J.H. Morris a pour titre « The Formal Adoption of the Maple Leaf as the National Emblem of Canada ». Évidement la résolution adoptée par l’assemblée ne conférait guerre à la feuille d’érable le statut d’emblème officiel du pays, mais il s’agit d’un bon indice que, déjà à cette époque, des Canadiens préféraient la feuille d’érable au castor comme emblème du pays. Le fait que les Canadiens anglophones nés au pays voulaient se démarquer de ceux nés en Grande-Bretagne ou adhérant à des sociétés imprégnées de cette mentalité présente un grand intérêt du fait qu’il atteste que, même avant la Confédération et à Toronto, les anglophones ne formaient pas un bloc monolithique. [J.H. Morris], « The Origin of Our Maple Leaf Emblem » dans Ontario Historical Society Papers and Records, V (1904), p. 21–35 : https://archive.org/stream/ontariohistory05ontauoft#page/20/mode/2up.
[11] Au temps de François Ier, c’est-à-dire lorsque Jacques Cartier découvrit le Canada, l’étendard de la France était toujours rouge à croix blanche et la marine aussi s’identifiait couramment avec des pavillons rouges à croix blanche. Hervé PINOTEAU, op. cit., p. 641-642. Il est possible que ces pavillons rouges soient parvenus au Canada sur des navires français. Hélène-Andrée BIZIER and Claude PAULETTE, Fleur de lys d’hier à aujourd’hui, Montréal, Éditions Art Global, 1997, p. 75, 79.
[12] Le pavillon royal était blanc fleurdelisé d’or et portait au centre les armoiries royales soutenues par des angelots, mais ce pavillon flottait uniquement lorsque le roi se trouvait à bord d’un vaisseau : Hervé PINOTEAU, op. cit., p. 674 (fig. 1) et légende. La marine royale ou marine de guerre arborait le pavillon entièrement blanc, voir note 1.
[13] Cette question mérite quelques précisions. Alexander Scott Carter, auteur du dessin réalisé pour envoyer en Angleterre avait colorié en rouge les trois feuilles d’érable en pointe de l’écu. Joseph Pope, sous-secrétaire d’État du Canada, ne voulait pas de feuilles rouges qui représentaient pour lui la fin d’un cycle vie et l’approche de la mort. Il les fit recolorier vertes. L’idée était logique en un sens, mais le vert ne cadrait pas avec les autres couleurs de la composition. Le vert persista de 1921 jusqu’à 1957, année où Alan Beddoe, expert héraldiste, revint au rouge. Ceci était possible du fait que la proclamation royale décrivait les feuilles comme étant au naturel, de sorte qu’elles pouvaient être vertes, rouges, jaunes ou multicolores. La proclamation ne précisait pas que ces couleurs étaient celles du Canada, mais il est probable que Carter, un héraldiste chevronné, voulait introduire les couleurs qu’il trouvait appropriés pour le pays. En 1964, lorsque Stanley écrivait sa lettre à Matheson, les trois feuilles d’érable étaient rouges sur fond blanc. Voir : http://heraldicscienceheraldique.com/did-alexander-scott-carter-give-canada-its-national-colours.html.
[14] Comme il l’a clairement énoncé, Stanley a choisi les couleurs blanc et rouge comme couleurs traditionnelles de la Grande-Bretagne et de la France royale. Le fait qu’elles coïncident avec les couleurs du Collège militaire du Canada ne veut pas dire, comme on l’a prétendu, que le drapeau du Canada n’est qu’une copie de celui du CMRC. Les coïncidences de couleurs et de divisions sont très nombreuses en héraldique, voir : http://heraldicscienceheraldique.com/la-compagnie-maritime-allan-line-a-t-elle-plagieacute-le-tricolore-franccedilais--did-the-shipping-company-allan-line-plagiarize-the-tricolour-of-france.html.
[15] La grande contribution de John Matheson à la conception de l’unifolié fut de doubler la surface blanche. En s’inspirant d’un dessin soumis par George Bist, il s’était rendu compte qu’un carré accommodait beaucoup mieux la feuille d’érable qu’un rectangle deux fois plus haut que large. Pour cette nouvelle pièce héraldique, Conrad Swan, un Canadien aussi héraut York au Collège d’armes en Angleterre, a forgé l’expression pal canadien. Avec la nouvelle formule, la surface blanche égalait la surface rouge. La stylisation de la feuille sur laquelle Stanley insistait fut confiée à Jacques Saint-Cyr de la Commission des expositions du gouvernement canadien.
[1] Les drapeaux blancs fleurdelisés d’or contrevenaient à une règle fondamentale du blason qui veut qu’on évite de placer deux métaux l’un sur l’autre, les métaux étant blanc (argent) et jaune (or). Je doute que de tels drapeaux soient parvenus en Nouvelle-France. Ces drapeaux se retrouvaient peu en France au temps de la Nouvelle-France, une rare exception étant une peinture où il accompagne Henri IV (Hervé PINOTEAU, La symbolique royale française Ve-XVIIIe siècles, Loudun, PSR Éditions, 2003, p. 640, 650). L’observation de Stanley provient probablement de Doughty qu’il cite dans son ouvrage : The Story of Canada’s Flag. Selon Doughty : « Un drapeau blanc figure sur un dessin du XVIIIe représentant la prise de Québec en 1759; d’autres gravures représentent également des forts français surmontés du drapeau blanc fleurdelisé. C’est pourquoi je conclus que ce drapeau fut l’emblème de la France au Canada pendant la majeure partie du régime français. » : Arthur G. DOUGHTY, « Le Drapeau de la Nouvelle France » dans Mémoires et comptes rendus de la Société Royale du Canada, 3e sér., vol. 20, mai 1926, p. 46. Doughty a peut-être repris cette notion d’une autre source : « Avant 1760, dit M. Benjamin Sulte, le drapeau était blanc, semé de fleurs de lis d’or : il y en avait généralement trois posées au centre. Le bleu était employé également, mais formait un drapeau à part, car on ne mettait pas ces deux couleurs ensemble sur une même enseigne. » : Édouard BLONDEL, « Les drapeaux canadiens » dans La Presse, 10 avril 1920, p. 8. Ici Blondel cite Sulte et ne le cite pas nécessairement correctement. Ce qui intéresse Stanley, c’est la couleur blanche du drapeau qui est la couleur officielle de la France royale. Il n’a pas tort d’insister sur le blanc en rapport avec le Canada. Le drapeau le plus présent et accepté en Nouvelle-France était le pavillon entièrement blanc de la marine royale ou marine de guerre française. Il flottait sur les forts et était parfois présent lors des prises de possession de territoires. Les Canadiens de l’époque le considéraient être le drapeau de la nation française. Au début de la colonisation du Canada par la France, des fleurs de lis d’or ornaient la bannière royale bleue appelée bannière de France. Ces faits sont bien documentés : René CHARTRAND, « Les drapeaux en Nouvelle-France », dans Conservation Canada, vol. 1, no. 1, 1974, p. 26. Voir aussi Auguste VACHON : http://heraldicscienceheraldique.com/banniegravere-de-france-et-pavillon-blanc-en-nouvelle-france.html; http://heraldicscienceheraldique.com/les-pavillons-de-la-marine-marchande-en-nouvelle-france.html et https://heraldicscienceheraldique.com/i-le-tricolore-de-la-france.html, figure 16.
[2] Le Ministère de la défense nationale autorisait ce drapeau en 1939 : Ronald E. WILLIS, Historical Flags of Canada 1604-1965, Manuscrit illustré par Richard D. Foster, conservé à Bibliothèque et Archives Canada, papiers Willis, cote MG 31, D32, p. 24. Voir aussi Francis J. DUNBAR et Joseph H. HARPER, Old Colours Never Die, Oakville (Ontario), F.J. Dunbar and Associates, Inc., 1992, p. 205-206.
[3] Le 10 novembre 1943, l’Aviation royale canadienne ordonnait à ses unités servant avec d’autres nations d’arborer le Red Ensign canadien de concert avec son drapeau particulier et, le 22 janvier 1944, l’armée canadienne adoptait la même mesure pour ses unités combattant avec les forces armées d’autres nations : http://encyclopediecanadienne.ca/fr/article/red-ensign-canadien/.
[4] Le décret autorisait l’utilisation du Red Ensign sur les édifices fédéraux au Canada jusqu’à ce que le Parlement adopte un nouveau drapeau national.
[5] Plus précisément des armoiries pour la ville de Québec contenant un castor, voir http://heraldicscienceheraldique.com/les-origines-du-castor-et-de-la-feuille-drsquoeacuterable-comme-emblegravemes-canadiens.html.
[6] Les deux collectivités linguistiques, francophone et anglophone, ont reconnu la feuille d’érable comme emblème canadien à peu près en même temps. Voir http://heraldicscienceheraldique.com/comment-la-feuille-drsquoeacuterable-devient-emblegraveme.html et http://heraldicscienceheraldique.com/la-socieacuteteacute-saint-jean-baptiste-et-la-feuille-deacuterable.html. La prétention que la feuille d’érable comme emblème canadien remonte à la Nouvelle-France est sans fondement. Elle a pour origine une supposition vaguement formulée de Benjamin Sulte : http://heraldicscienceheraldique.com/la-feuille-drsquoeacuterable-en-nouvelle-france.html. Par contre, il est bien documenté que les Amérindiens fabriquaient les premiers du sirop et du sucre d’érable, d’où un lien entre les Premières Nations et l’érable : Joseph-François LAFITAU, Moeurs des sauvages amériquains comparées aux moeurs des premiers temps, Paris, Saugrain l'aîné 1724, p. 154-155 et planches : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86029431/f186.item.zoom.
[7] On a souvent prétendu, sans préciser le mois ni le jour, que la Gazette de Québec / Quebec Gazette de 1805 décrivait la feuille d’érable comme étant l’emblème des Canadiens français. Pour ma part, j’ai parcouru ce journal pour l’année en question sans retrouver une telle mention. La première mention de l’érable, non pas sa feuille, comme représentant la collectivité francophone se retrouve quelques mois plus tard dans Le Canadien du 29 nov. 1806, p. 8. Il contient une épigramme intitulée « Fable dédiée au Mercury », un journal rival, où l’érable, personnifiant les Canadiens francophones, accuse le rosier, personnifiant l’Angleterre, de blesser malicieusement les passants avec ses épines. Voir http://heraldicscienceheraldique.com/comment-la-feuille-drsquoeacuterable-devient-emblegraveme.html.
[8] Ce n’est qu’au banquet de 1836 que Benjamin Viger, président de la Société St. Jean-Baptiste, prononce un discours affirmant que l’érable est « l’emblème du peuple canadien ». Ludger Duvernay, ancien président, s’exprime dans le même sens en chanson. Un discours et une chanson ne constituent pas une adoption formelle, voir http://heraldicscienceheraldique.com/la-socieacuteteacute-saint-jean-baptiste-et-la-feuille-deacuterable.html.
[9] Une cérémonie réunissant entre 12 000 et 15 000 personnes pour la pose de la pierre angulaire du deuxième monument dédié à Brock eut lieu le 13 octobre 1853, anniversaire de son décès, et l’inauguration du monument se déroula le 13 octobre 1859. L’Encyclopedia Canadiana (vol. 3, Grolier, 1958, p. 412) affirme que : « En 1853, on chargeait le président et vice-président de la Loyal Canadian Society à Grimsby, Ontario, de concevoir une bannière pour figurer dans la procession lors de l’inauguration du monument Brock et certains documents démontrent que de grandes feuilles d’érable ornaient un côté de la bannière. ».
[10] Le 21 août 1860, une réunion des Canadiens nés au pays se tenait au St. Lawrence Hall de Toronto. Dans la procession organisée pour la visite du Prince de Galles cette année-là, ils proposaient de porter une broche arborant une feuille en argent pour se démarquer des sociétés Saint-George, Saint-Andrew et Saint-Patrick représentant les Anglais, les Écossais, et les Irlandais. Le compte rendu de la réunion par J.H. Morris a pour titre « The Formal Adoption of the Maple Leaf as the National Emblem of Canada ». Évidement la résolution adoptée par l’assemblée ne conférait guerre à la feuille d’érable le statut d’emblème officiel du pays, mais il s’agit d’un bon indice que, déjà à cette époque, des Canadiens préféraient la feuille d’érable au castor comme emblème du pays. Le fait que les Canadiens anglophones nés au pays voulaient se démarquer de ceux nés en Grande-Bretagne ou adhérant à des sociétés imprégnées de cette mentalité présente un grand intérêt du fait qu’il atteste que, même avant la Confédération et à Toronto, les anglophones ne formaient pas un bloc monolithique. [J.H. Morris], « The Origin of Our Maple Leaf Emblem » dans Ontario Historical Society Papers and Records, V (1904), p. 21–35 : https://archive.org/stream/ontariohistory05ontauoft#page/20/mode/2up.
[11] Au temps de François Ier, c’est-à-dire lorsque Jacques Cartier découvrit le Canada, l’étendard de la France était toujours rouge à croix blanche et la marine aussi s’identifiait couramment avec des pavillons rouges à croix blanche. Hervé PINOTEAU, op. cit., p. 641-642. Il est possible que ces pavillons rouges soient parvenus au Canada sur des navires français. Hélène-Andrée BIZIER and Claude PAULETTE, Fleur de lys d’hier à aujourd’hui, Montréal, Éditions Art Global, 1997, p. 75, 79.
[12] Le pavillon royal était blanc fleurdelisé d’or et portait au centre les armoiries royales soutenues par des angelots, mais ce pavillon flottait uniquement lorsque le roi se trouvait à bord d’un vaisseau : Hervé PINOTEAU, op. cit., p. 674 (fig. 1) et légende. La marine royale ou marine de guerre arborait le pavillon entièrement blanc, voir note 1.
[13] Cette question mérite quelques précisions. Alexander Scott Carter, auteur du dessin réalisé pour envoyer en Angleterre avait colorié en rouge les trois feuilles d’érable en pointe de l’écu. Joseph Pope, sous-secrétaire d’État du Canada, ne voulait pas de feuilles rouges qui représentaient pour lui la fin d’un cycle vie et l’approche de la mort. Il les fit recolorier vertes. L’idée était logique en un sens, mais le vert ne cadrait pas avec les autres couleurs de la composition. Le vert persista de 1921 jusqu’à 1957, année où Alan Beddoe, expert héraldiste, revint au rouge. Ceci était possible du fait que la proclamation royale décrivait les feuilles comme étant au naturel, de sorte qu’elles pouvaient être vertes, rouges, jaunes ou multicolores. La proclamation ne précisait pas que ces couleurs étaient celles du Canada, mais il est probable que Carter, un héraldiste chevronné, voulait introduire les couleurs qu’il trouvait appropriés pour le pays. En 1964, lorsque Stanley écrivait sa lettre à Matheson, les trois feuilles d’érable étaient rouges sur fond blanc. Voir : http://heraldicscienceheraldique.com/did-alexander-scott-carter-give-canada-its-national-colours.html.
[14] Comme il l’a clairement énoncé, Stanley a choisi les couleurs blanc et rouge comme couleurs traditionnelles de la Grande-Bretagne et de la France royale. Le fait qu’elles coïncident avec les couleurs du Collège militaire du Canada ne veut pas dire, comme on l’a prétendu, que le drapeau du Canada n’est qu’une copie de celui du CMRC. Les coïncidences de couleurs et de divisions sont très nombreuses en héraldique, voir : http://heraldicscienceheraldique.com/la-compagnie-maritime-allan-line-a-t-elle-plagieacute-le-tricolore-franccedilais--did-the-shipping-company-allan-line-plagiarize-the-tricolour-of-france.html.
[15] La grande contribution de John Matheson à la conception de l’unifolié fut de doubler la surface blanche. En s’inspirant d’un dessin soumis par George Bist, il s’était rendu compte qu’un carré accommodait beaucoup mieux la feuille d’érable qu’un rectangle deux fois plus haut que large. Pour cette nouvelle pièce héraldique, Conrad Swan, un Canadien aussi héraut York au Collège d’armes en Angleterre, a forgé l’expression pal canadien. Avec la nouvelle formule, la surface blanche égalait la surface rouge. La stylisation de la feuille sur laquelle Stanley insistait fut confiée à Jacques Saint-Cyr de la Commission des expositions du gouvernement canadien.