Une opinion sur les armes du Québec/ An Opinion on the Arms of the Province of Quebec
Une opinion sur les armes du Québec
Pourquoi les armes assignées au Québec par brevet royal en 1868 portaient deux fleurs de lis bleues sur fond d’or en chef (fig. 1) au lieu des trois fleurs de lis d’or sur fond bleu de l’ancienne France royale ? L’héraldiste Edward Marion Chadwick y voit une courtoisie envers la France, conforme à l’ancien usage héraldique, et en même temps, un hommage aux origines des Canadiens français (Voir la citation originale dans le texte anglais.). Il existait en effet une question de convenance héraldique, car les armoiries royales de France avaient figuré dans les armories royales du Royaume-Uni de 1340 à 1801 pour signifier la prétention des rois d’Angleterre au trône de France. Les rois d’armes britanniques ne voulaient sans doute pas faire revivre cette prétention dans l’emblème concédé à une province obligée de changer d’allégeance par la force des armes et qui représentait le cœur d’une ancienne colonie française.
Si l’Angleterre avait donné au Québec les couleurs et meubles de la royauté française, la République française se serait-elle indignée ? Il est peu probable. Par contre, l’Angleterre ne pouvait pas risquer qu’on affirme, ce qui serait probablement arrivé, qu’elle avait sournoisement réaffirmé sa prétention au trône de France dans une lointaine colonie. Elle ne voulait pas non plus assigner au Québec des armoiries qui laissaient entendre que cette province appartenait toujours à la France. En plus, le chef d’azur à trois fleurs de lis d’or dit chef de France est la marque des bonnes villes de France, c'est-à-dire les villes les plus opulentes et mieux défendues qui appuyaient la monarchie. Les hérauts d’Angleterre n’ignoraient vraisemblablement pas que ce chef ne convenait pas à une province d’un pays de l’empire britannique.
Lorsqu’en 1939, la province décidait de revenir aux anciennes couleurs de France, le contexte était bien différent (fig. 2). C’était la province elle-même, et non un pouvoir étranger, qui modifiait ses armoiries dans l’intention de mieux refléter son histoire comme héritier principal de la Nouvelle-France. La France étant une république pouvait difficilement y voir une atteinte à sa souveraineté. D’ailleurs, on retrouvait déjà les trois fleurs de lis dans les armoiries concédées au Canada en 1921.
Pourquoi les armes assignées au Québec par brevet royal en 1868 portaient deux fleurs de lis bleues sur fond d’or en chef (fig. 1) au lieu des trois fleurs de lis d’or sur fond bleu de l’ancienne France royale ? L’héraldiste Edward Marion Chadwick y voit une courtoisie envers la France, conforme à l’ancien usage héraldique, et en même temps, un hommage aux origines des Canadiens français (Voir la citation originale dans le texte anglais.). Il existait en effet une question de convenance héraldique, car les armoiries royales de France avaient figuré dans les armories royales du Royaume-Uni de 1340 à 1801 pour signifier la prétention des rois d’Angleterre au trône de France. Les rois d’armes britanniques ne voulaient sans doute pas faire revivre cette prétention dans l’emblème concédé à une province obligée de changer d’allégeance par la force des armes et qui représentait le cœur d’une ancienne colonie française.
Si l’Angleterre avait donné au Québec les couleurs et meubles de la royauté française, la République française se serait-elle indignée ? Il est peu probable. Par contre, l’Angleterre ne pouvait pas risquer qu’on affirme, ce qui serait probablement arrivé, qu’elle avait sournoisement réaffirmé sa prétention au trône de France dans une lointaine colonie. Elle ne voulait pas non plus assigner au Québec des armoiries qui laissaient entendre que cette province appartenait toujours à la France. En plus, le chef d’azur à trois fleurs de lis d’or dit chef de France est la marque des bonnes villes de France, c'est-à-dire les villes les plus opulentes et mieux défendues qui appuyaient la monarchie. Les hérauts d’Angleterre n’ignoraient vraisemblablement pas que ce chef ne convenait pas à une province d’un pays de l’empire britannique.
Lorsqu’en 1939, la province décidait de revenir aux anciennes couleurs de France, le contexte était bien différent (fig. 2). C’était la province elle-même, et non un pouvoir étranger, qui modifiait ses armoiries dans l’intention de mieux refléter son histoire comme héritier principal de la Nouvelle-France. La France étant une république pouvait difficilement y voir une atteinte à sa souveraineté. D’ailleurs, on retrouvait déjà les trois fleurs de lis dans les armoiries concédées au Canada en 1921.
An Opinion on the Arms of the Province of Quebec
In the arms granted to the Province of Quebec in 1868, why was the chief “two blue fleurs-de-lis on gold” (Fig. 1) rather than the traditional colours of France “three gold fleurs-de-lis on blue.” The heraldist Eward Marion Chadwick explains this as follows:
“The reversing of these colours is the proper mode of symbolizing a country which has had a French origin, as distinguished from the parent country, and is in fact a most delicate courtesy to France, as well as a compliment to the French Canadians, for if the original colours of gold on a blue ground had been used that would, according to ancient heraldic usage, have been discourteous to France.” (E. M. Chadwick, “The Canadian Flag” in Canadian Almanac (Toronto: Copp, Clark, 1896), p. 227.)
The gist of the problem was that England had only recently dropped the fleurs-de-lis from the royal arms, which had been there from 1340 to 1801 to affirm its pretension to the throne of France. Keeping the same number of fleurs-de-lis and the same colours would have created the impression that it was resurrecting this old pretention in a province it had recently conquered. Nor could it give the impression that the province still belonged to France. Another consideration probably crossed the minds of England’s heralds. In France, the chief, Azure three fleurs-de-lis Or was the mark of prosperous and well fortified cities that upheld the French monarchy. Using the same device for a province of a country which was part of the British Empire was certainly not appropriate.
When the chief was modified in 1939 (Fig. 2), it was the province itself doing this, not a foreign power. The intention was to better reflect the province’s tradition as principal heir to New-France. There was no danger that this gesture might be viewed as infringing symbolically on the sovereignty of France which was then a Republic. Moreover the arms of Canada granted in 1921 already included the three fleurs-de-lis.
In the arms granted to the Province of Quebec in 1868, why was the chief “two blue fleurs-de-lis on gold” (Fig. 1) rather than the traditional colours of France “three gold fleurs-de-lis on blue.” The heraldist Eward Marion Chadwick explains this as follows:
“The reversing of these colours is the proper mode of symbolizing a country which has had a French origin, as distinguished from the parent country, and is in fact a most delicate courtesy to France, as well as a compliment to the French Canadians, for if the original colours of gold on a blue ground had been used that would, according to ancient heraldic usage, have been discourteous to France.” (E. M. Chadwick, “The Canadian Flag” in Canadian Almanac (Toronto: Copp, Clark, 1896), p. 227.)
The gist of the problem was that England had only recently dropped the fleurs-de-lis from the royal arms, which had been there from 1340 to 1801 to affirm its pretension to the throne of France. Keeping the same number of fleurs-de-lis and the same colours would have created the impression that it was resurrecting this old pretention in a province it had recently conquered. Nor could it give the impression that the province still belonged to France. Another consideration probably crossed the minds of England’s heralds. In France, the chief, Azure three fleurs-de-lis Or was the mark of prosperous and well fortified cities that upheld the French monarchy. Using the same device for a province of a country which was part of the British Empire was certainly not appropriate.
When the chief was modified in 1939 (Fig. 2), it was the province itself doing this, not a foreign power. The intention was to better reflect the province’s tradition as principal heir to New-France. There was no danger that this gesture might be viewed as infringing symbolically on the sovereignty of France which was then a Republic. Moreover the arms of Canada granted in 1921 already included the three fleurs-de-lis.