III
Le choix d’un drapeau national
Au Canada, l’Union Jack et le Red Ensign dominaient la scène dès les premières tentatives de colonisation de la Grande-Bretagne en Amérique du Nord. À partir de 1801, les croix des saints patrons de l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande figuraient sur ces deux drapeaux. Les armes de ces trois pays se retrouvaient sur l’écu du Royaume-Uni arboré dans les colonies britanniques, parfois accompagnées en dessous de leurs emblèmes végétaux, la rose, le chardon et le trèfle. Le chapitre précédent démontre que, presque immédiatement après la Confédération, les Canadiens se cherchaient un drapeau reflétant à la fois les traditions britanniques et les valeurs canadiennes. Ces doubles sentiments trouvaient leur expression par le biais d’un Red Ensign orné d’un écu aux armes du Canada. En 1921, les armoiries que le roi George V assignait au pays ajoutaient les armes de la France royale à celles du Royaume-Uni pour honorer les quatre nations fondatrices et plaçaient dans le bas de l’écu trois feuilles d’érable pour symboliser le Canada. Cet écu ornait le Red Ensign canadien dont la composition reflétait bien plusieurs des idées en vogue. L’Union Jack en haut du côté de la hampe honorait l’héritage britannique; l’écu sur le battant rendait hommage aux quatre nations considérées comme fondatrices du pays et les feuilles d’érable dans le bas de l’écu représentaient le Canada. La première tentative du premier ministre William Lyon Mackenzie King pour doter officiellement le pays d’un drapeau national en 1925 échoua comme aussi la deuxième tentative en 1945-1946 qui proposait un Red Ensign meublé d’une feuille d’érable dorée lisérée de blanc. La volonté de combiner des symboles britanniques avec des symboles canadiens allait resurgir lors des débats sur le choix d’un drapeau national, entre autres la notion que le Red Ensign canadien représentait un choix idéal pour le Canada et possédait déjà le statut d’emblème du pays.
Avis au lecteur
Bien que je sois toujours lié à l’Autorité héraldique du Canada par le titre honorifique de héraut Outaouais émérite, les points de vue exprimés ici sont les miens et ne reflètent pas nécessairement l’opinion de l’Autorité ou de ses officiers d’armes. ― Auguste Vachon
Bien que je sois toujours lié à l’Autorité héraldique du Canada par le titre honorifique de héraut Outaouais émérite, les points de vue exprimés ici sont les miens et ne reflètent pas nécessairement l’opinion de l’Autorité ou de ses officiers d’armes. ― Auguste Vachon
1) Un drapeau pour l’unité nationale
Il circulait parmi les libéraux la conviction qu’il fallait un drapeau distinctif pour préserver l’unité nationale. Dans son ouvrage sur le drapeau du Canada, John Ross Matheson parle de la menace du Front de Libération du Québec (FLQ) dont l’offensive violente mettait en péril la cohésion du pays. Il affirme que John George Diefenbaker, chef des conservateurs, et beaucoup de ses partisans les plus véhéments percevaient la volonté d’obtenir un drapeau canadien comme une mesure évidente pour apaiser le Québec, mais que pour un nombre des membres de la Chambre des communes, la question du drapeau se présentait de plus en plus comme une stratégie déterminante contre ceux qui voulaient fragmenter le pays [1].
Le politicien le plus convaincu de l’urgence de doter les Canadiens d’un drapeau pour préserver l’unité nationale était le premier ministre Lester B. Pearson. À ceux qui lui reprochaient de vouloir remplacer le Red Ensign canadien par un autre drapeau, il répondait qu’il respectait l’Union Jack et le Red Ensign, qu’il avait lui-même servi sous l’Union Jack pendant la guerre et qu’il espérait que ce drapeau continue à être arboré. Mais ajoutait-il : « J’ai le sentiment, toutefois, que le Canada devrait avoir un drapeau national qui ne pourrait être confondu avec l’emblème de nul autre pays et qui, par son adoption, serait une grande force unificatrice dans notre pays. » Il poursuivait : « Ce drapeau exprime le fier résultat de cette histoire — une nation indépendante unie et forte. C’est le résultat de notre marche vers l’indépendance. Ce sera l’emblème d’une Confédération consolidée, unifiée [2]. » L’un des rares Québécois à lier le drapeau à l’unité nationale était Léon Balcer, député progressiste-conservateur de Trois-Rivières. Le 9 septembre 1964, il déclarait devant la Chambre : « … je crois que pour le bien de l’unité nationale, il est temps qu’on cesse de la vanter, qu’on commence à travailler pour elle, et qu’on dote le pays d’un drapeau essentiellement canadien qui sera respecté d’un bout à l’autre du pays. [3] »
Les conservateurs criaient haut et fort qu’on délaissait leurs traditions, représentées avant tout par l’Union Jack et le Red Ensign, pour un symbole insignifiant comme la feuille d’érable, [4] en oubliant l’engouement des Canadiens pour ce symbole pendant plus d’un siècle et particulièrement dans la deuxième moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe [5]. Beaucoup de souvenirs commerciaux joignaient la feuille d’érable à l’Union Jack ou au Red Ensign et assez souvent aux deux (fig. 1-2). Il était rare à cette époque de combiner des drapeaux britanniques avec des lis (fig. 3), mais comme compromis pendant les débats, plusieurs anglophones se montraient disposés à mêler les symboles de la Grande-Bretagne représentés par l’Union Jack ou le Red Ensign, aux fleurs de lis de France et d’y ajouter la feuille d’érable [6]. On oubliait qu’on avait tenté d’introduire un tel agencement comme drapeau de combat de l’Armée canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale (fig. 4) et que ce drapeau avait eu un piètre succès de sorte qu’on l’avait remplacé par le Red Ensign canadien vers la fin des combats [7].
Il circulait parmi les libéraux la conviction qu’il fallait un drapeau distinctif pour préserver l’unité nationale. Dans son ouvrage sur le drapeau du Canada, John Ross Matheson parle de la menace du Front de Libération du Québec (FLQ) dont l’offensive violente mettait en péril la cohésion du pays. Il affirme que John George Diefenbaker, chef des conservateurs, et beaucoup de ses partisans les plus véhéments percevaient la volonté d’obtenir un drapeau canadien comme une mesure évidente pour apaiser le Québec, mais que pour un nombre des membres de la Chambre des communes, la question du drapeau se présentait de plus en plus comme une stratégie déterminante contre ceux qui voulaient fragmenter le pays [1].
Le politicien le plus convaincu de l’urgence de doter les Canadiens d’un drapeau pour préserver l’unité nationale était le premier ministre Lester B. Pearson. À ceux qui lui reprochaient de vouloir remplacer le Red Ensign canadien par un autre drapeau, il répondait qu’il respectait l’Union Jack et le Red Ensign, qu’il avait lui-même servi sous l’Union Jack pendant la guerre et qu’il espérait que ce drapeau continue à être arboré. Mais ajoutait-il : « J’ai le sentiment, toutefois, que le Canada devrait avoir un drapeau national qui ne pourrait être confondu avec l’emblème de nul autre pays et qui, par son adoption, serait une grande force unificatrice dans notre pays. » Il poursuivait : « Ce drapeau exprime le fier résultat de cette histoire — une nation indépendante unie et forte. C’est le résultat de notre marche vers l’indépendance. Ce sera l’emblème d’une Confédération consolidée, unifiée [2]. » L’un des rares Québécois à lier le drapeau à l’unité nationale était Léon Balcer, député progressiste-conservateur de Trois-Rivières. Le 9 septembre 1964, il déclarait devant la Chambre : « … je crois que pour le bien de l’unité nationale, il est temps qu’on cesse de la vanter, qu’on commence à travailler pour elle, et qu’on dote le pays d’un drapeau essentiellement canadien qui sera respecté d’un bout à l’autre du pays. [3] »
Les conservateurs criaient haut et fort qu’on délaissait leurs traditions, représentées avant tout par l’Union Jack et le Red Ensign, pour un symbole insignifiant comme la feuille d’érable, [4] en oubliant l’engouement des Canadiens pour ce symbole pendant plus d’un siècle et particulièrement dans la deuxième moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe [5]. Beaucoup de souvenirs commerciaux joignaient la feuille d’érable à l’Union Jack ou au Red Ensign et assez souvent aux deux (fig. 1-2). Il était rare à cette époque de combiner des drapeaux britanniques avec des lis (fig. 3), mais comme compromis pendant les débats, plusieurs anglophones se montraient disposés à mêler les symboles de la Grande-Bretagne représentés par l’Union Jack ou le Red Ensign, aux fleurs de lis de France et d’y ajouter la feuille d’érable [6]. On oubliait qu’on avait tenté d’introduire un tel agencement comme drapeau de combat de l’Armée canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale (fig. 4) et que ce drapeau avait eu un piètre succès de sorte qu’on l’avait remplacé par le Red Ensign canadien vers la fin des combats [7].
Fig. 1. L’Union Jack et le Red Ensign canadien accompagnent une guirlande de feuilles d’érable et un castor surmontant l’écu du Canada de l’époque. Éditeur : Atkinson Bros. Toronto, 1905.
Fig. 2. Cette image du temps des fêtes présente une autre mixture d’emblèmes canadiens et britanniques, notamment l’écu à quatre provinces du Canada, l’Union Jack, le Red Ensign canadien et des feuilles d’érable. Carte postale par Millar & Lang Art Publishing Co. (M & L, Ltd.), Glasgow, Écosse et Londres, Angleterre (National Series), vers 1908.
Fig. 3. La composition place des lis tigrés sur l’Union Jack. Cette carte postale étant publiée au Canada, il s’agit assurément de la représentation des anglophones et francophones du pays. Éditeur : Warwick Bro’s & Rutter, Printers, Toronto. Timbre postal émis le 22 décembre 1911.
Fig. 4. Le drapeau de l’Armée active du Canda aussi nommé drapeau de combat de l’Armée canadienne, conçu par le colonel Archer Fortecue Duguid et arboré par les troupes de 1939 à 1944. Carte postale par PECO (Photogelatine Engraving Co Ltd, Ottawa et Toronto).
2) Les libéraux veulent apaiser le Québec
Pour certains anglophones, parler d’un drapeau pour favoriser l’unité nationale constituait une tentative d’apaiser le Québec, car certaines forces politiques dans cette province militaient en faveur de la séparation. Les conservateurs blâmaient les libéraux de se prêter à ce jeu. De puissants éléments politiques dominaient le débat. Le 17 Mai 1964, le premier ministre Lester B. Pearson tentait de convaincre les membres de la Légion royale canadienne à Winnipeg de la nécessité de doter le Canada d’un drapeau distinctif. Il confrontait un auditoire hostile qui tenait mordicus à la préservation du Red Ensign canadien comme drapeau du pays. On entendit l’un des chahuteurs hurler dans la salle : « Vous nous vendez aux mangeux de soupe aux pois » [8]. Le protestataire signifiait que l’initiative de Pearson visait à amadouer les Québécois souvent associés par les anglophones à ce genre de soupe. John Ross Matheson, le bras droit de Pearson tout au long du débat sur le drapeau, expliquait l’échec du drapeau que préconisait le premier ministre (fig. 5), non pas par ses défauts sur le plan esthétique ni par un sentiment impérialiste excessif chez certains citoyens, mais par les préjugés des anglophones à l’endroit des Canadiens français. Il citait deux journaux torontois à l’appui de sa conclusion [9]. Matheson déclarait également que certains députés voyaient l’affaire du drapeau comme une mesure pour apaiser le Québec (a sop to Quebec) qui allait à l’encontre des aspirations des neuf autres provinces [10]. Un autre auteur affirmait que les conservateurs étalaient au grand jour leur hostilité contre le Québec et le fait français au Canada et que cette attitude portait atteinte au respect de la notion d’égalité inhérente aux principes britanniques de liberté et de démocratie [11].
Pour certains anglophones, parler d’un drapeau pour favoriser l’unité nationale constituait une tentative d’apaiser le Québec, car certaines forces politiques dans cette province militaient en faveur de la séparation. Les conservateurs blâmaient les libéraux de se prêter à ce jeu. De puissants éléments politiques dominaient le débat. Le 17 Mai 1964, le premier ministre Lester B. Pearson tentait de convaincre les membres de la Légion royale canadienne à Winnipeg de la nécessité de doter le Canada d’un drapeau distinctif. Il confrontait un auditoire hostile qui tenait mordicus à la préservation du Red Ensign canadien comme drapeau du pays. On entendit l’un des chahuteurs hurler dans la salle : « Vous nous vendez aux mangeux de soupe aux pois » [8]. Le protestataire signifiait que l’initiative de Pearson visait à amadouer les Québécois souvent associés par les anglophones à ce genre de soupe. John Ross Matheson, le bras droit de Pearson tout au long du débat sur le drapeau, expliquait l’échec du drapeau que préconisait le premier ministre (fig. 5), non pas par ses défauts sur le plan esthétique ni par un sentiment impérialiste excessif chez certains citoyens, mais par les préjugés des anglophones à l’endroit des Canadiens français. Il citait deux journaux torontois à l’appui de sa conclusion [9]. Matheson déclarait également que certains députés voyaient l’affaire du drapeau comme une mesure pour apaiser le Québec (a sop to Quebec) qui allait à l’encontre des aspirations des neuf autres provinces [10]. Un autre auteur affirmait que les conservateurs étalaient au grand jour leur hostilité contre le Québec et le fait français au Canada et que cette attitude portait atteinte au respect de la notion d’égalité inhérente aux principes britanniques de liberté et de démocratie [11].
Fig. 5. Par dérision, on affublait de « fanion de Pearson » (Pearson Pennant en anglais) le drapeau conçu par l’héraldiste Alan Beddoe et favorisé par Pearson en 1964. Anciennement, le fanion s’attachait dans le haut d’une lance. Dans le contexte de controverse, son seul but était d’exprimer du mépris. On aurait pu aussi bien le nommer « le guidon de Pearson ». Carte postale publiée et distribuée par L. Lebel, Ottawa.
La notion d’un drapeau qu’on voudrait adopter pour plaire au Québec était soulevée parfois sans détour en Chambre : « Changer maintenant de drapeau aurait toutes les apparences d’une concession », mais qu’il était naïf de croire qu’une initiative dans ce sens allait apaiser le Québec [12]. Parfois les députés s’exprimaient par la voix d’un commettant, par exemple une lettre reçue d’une institutrice à la retraite déclarait « Un drapeau canadien dépourvu de l’Union Jack n’aurait aucun sens pour moi. » Elle estimait que si les Canadiens d’origine française ne savaient pas apprécier le fait que la Grande-Bretagne leur avait garanti leur langue, lois et coutumes, ils étaient « vraiment ingrats ». Un autre député assimilait la quête d’un drapeau distinctif à la sempiternelle question « What does Québec want ? [13] »
L’idée d’un drapeau fait sur mesure pour le Québec était suffisamment répandue pour que Matheson sente le besoin de dénoncer cette idée en Chambre : « Certains nous disent que l’affaire du nouveau drapeau constitue une concession à l’égard des Français. Mais les Français font partie de nous-mêmes. Ils forment une partie du Canada―une partie de notre famille [14]. » Un peu plus tard, Pearson dénonçait avec véhémence la notion propagée par certains députés voulant qu’il y ait eu un accord avec le Québec et qu’il s’agissait d’un drapeau pour cette province. Pearson insistait que ces insinuations nuisaient à « l’unité nationale » et ajoutait : « Dire que présenter ou appuyer un drapeau à une feuille d’érable ou à trois feuilles, c’est capituler devant [le] Québec, c’est non seulement insulter nos compatriotes Canadiens français, mais aussi les députés anglophones et les Canadiens de langue anglaise qui appuient ces propositions, comme c’est le cas pour beaucoup, et pour des raisons patriotiques les plus nobles. [15] » Par contre, on rapporte que Pearson aurait dit à des députés et journalistes rassemblés au 24, promenade Sussex (résidence officielle du Premier ministre du Canada à Ottawa) « Je vais faire adopter un drapeau. Je dois le faire pour plaire au Québec [16]. »
Dans les journaux, les réactions visent parfois le Québec ou les séparatistes comme étant ceux qui militent pour un nouveau drapeau. Un correspondant se demande pourquoi certains Canadiens souhaitent un drapeau différent de celui auquel se rallie la majorité et déshonorent ainsi le Red Ensign au lieu de l’honorer. Il pense que les Québécois ignorent la présence de leurs fleurs de lis et de la feuille d’érable sur le Red Ensign, c’est-à dire dans l’écu du Canada sur le battant [17]. Un autre lecteur se moque du fanion de Pearson qui veut remplacer l’Union Jack par un drapeau d’un bleu dilué, d’un fond blanc symbolisant la reddition devant les Chaput (Marcel Chaput, l’un des premiers chefs du mouvement indépendantiste) et les séparatistes et avec trois feuilles rouges symbolisant le crépuscule (the autumn) d’une nation unie, vendue par opportunisme politique [18]. Un article dans le Toronto Daily Star du 14 août 1964 intitulé « Tories Against Quebec » affirment que les conservateurs anglophones accusent Pearson de vouloir apaiser la minorité québécoise, mais que plusieurs députés du parti sont réticents sur ce point et préfèrent se taire et demeurer dans l’ombre [19].
L’idée d’un drapeau fait sur mesure pour le Québec était suffisamment répandue pour que Matheson sente le besoin de dénoncer cette idée en Chambre : « Certains nous disent que l’affaire du nouveau drapeau constitue une concession à l’égard des Français. Mais les Français font partie de nous-mêmes. Ils forment une partie du Canada―une partie de notre famille [14]. » Un peu plus tard, Pearson dénonçait avec véhémence la notion propagée par certains députés voulant qu’il y ait eu un accord avec le Québec et qu’il s’agissait d’un drapeau pour cette province. Pearson insistait que ces insinuations nuisaient à « l’unité nationale » et ajoutait : « Dire que présenter ou appuyer un drapeau à une feuille d’érable ou à trois feuilles, c’est capituler devant [le] Québec, c’est non seulement insulter nos compatriotes Canadiens français, mais aussi les députés anglophones et les Canadiens de langue anglaise qui appuient ces propositions, comme c’est le cas pour beaucoup, et pour des raisons patriotiques les plus nobles. [15] » Par contre, on rapporte que Pearson aurait dit à des députés et journalistes rassemblés au 24, promenade Sussex (résidence officielle du Premier ministre du Canada à Ottawa) « Je vais faire adopter un drapeau. Je dois le faire pour plaire au Québec [16]. »
Dans les journaux, les réactions visent parfois le Québec ou les séparatistes comme étant ceux qui militent pour un nouveau drapeau. Un correspondant se demande pourquoi certains Canadiens souhaitent un drapeau différent de celui auquel se rallie la majorité et déshonorent ainsi le Red Ensign au lieu de l’honorer. Il pense que les Québécois ignorent la présence de leurs fleurs de lis et de la feuille d’érable sur le Red Ensign, c’est-à dire dans l’écu du Canada sur le battant [17]. Un autre lecteur se moque du fanion de Pearson qui veut remplacer l’Union Jack par un drapeau d’un bleu dilué, d’un fond blanc symbolisant la reddition devant les Chaput (Marcel Chaput, l’un des premiers chefs du mouvement indépendantiste) et les séparatistes et avec trois feuilles rouges symbolisant le crépuscule (the autumn) d’une nation unie, vendue par opportunisme politique [18]. Un article dans le Toronto Daily Star du 14 août 1964 intitulé « Tories Against Quebec » affirment que les conservateurs anglophones accusent Pearson de vouloir apaiser la minorité québécoise, mais que plusieurs députés du parti sont réticents sur ce point et préfèrent se taire et demeurer dans l’ombre [19].
Après l’approbation de l’unifolié comme drapeau national, beaucoup de Canadiens s’en réjouissent, souvent des jeunes ou des groupes de nouveaux immigrants. Mais le sentiment que le gouvernement a adopté un drapeau pour plaire aux Québécois persiste chez d’autres. Un liftier de la Chambre des communes déclarait en sourcillant : « C’étaient les Français qui le voulaient et maintenant ils l’ont » [20]. À côté des lettres favorables adressées à Pearson, il s’en trouvait d’autres remplies de fiel qui l’accusait d’avoir trahi le pays au nom de la minorité francophone [21]. Le Calgary Herald, tout en réitérant sa conviction que le nouveau drapeau représentait une énorme concession du Canada anglophone au Québec, nourrissait l’espoir que les Québécois allaient l’adopter [22].
S’il est indéniable qu’une certaine couche de la société canadienne de langue anglaise croyait que les libéraux voulaient un drapeau national distinctif pour amadouer le Québec, cette idée n’était pas partagée par tous, comme Pearson l’a signalé. Il cite plusieurs anglophones favorables à un drapeau distinctif dont le général R.H. Keefer qui est membre de la Légion canadienne et qui ne veut pas du Red Ensign lequel « n’étant qu’une modification au pavillon britannique de la marine marchande, aucun effort d’imagination ne saurait en faire un symbole distinctif » [23]. Diefenbaker et les conservateurs parlaient de plus en plus d’un drapeau qui représenterait les deux ethnies fondatrices et finirent par accepter un drapeau essentiellement tel qu’il est aujourd’hui, mais en incluant l’Union Jack en haut à gauche et la bannière de France en haut à droite (fig. 6) [24]. Les opinions au sujet d’un drapeau approprié pour le pays étaient nombreuses et très variées [25].
Fig. 6. L’un des drapeaux qui faisait l’objet d’un vote le 29 octobre 1964 par le comité parlementaire établi pour doter le Canada d’un emblème national. Il fut rejeté par 9 voix contre 5. Il contient l’Union Jack et l’ancienne bannière de France. Son contenu symbolique se rapproche beaucoup de celui du drapeau de combat du colonel Duguid (fig. 4).
3) Apport des Québécois
À partir de 1865, l’amirauté britannique autorisait les colonies de l’empire à arborer le Blue Ensign avec la marque de leur choix pour identifier leurs bateaux ou ceux à leur service. Eugène-Étienne Taché avait alors proposé une couronne de feuille d’érable ayant au centre un castor surmonté de la couronne royale (fig. 7). Sa proposition resta sans suite, mais la volonté de donner à un drapeau britannique une marque canadienne attirait l’attention de certains journaux [26]. En 1919, la Société d'archéologie et de numismatique de Montréal, dont l’héraldiste Victor Morin était vice-président, proposait comme drapeau pour le Canada l’Union Jack portant au centre une feuille d’érable jaune (d’or) [27]. La même année, à titre personnel, Morin recommandait une variante similaire. Il croyait que tous les pays de l’empire britannique devraient avoir l’autorisation d’arborer l’Union Jack avec une marque distinctive qui serait pour le Canada un écusson d’argent placé au centre et meublé d’une feuille d’érable verte [28]. Deux décennies plus tard, il tenait toujours à son idée d’un Union Jack avec une feuille d’érable au milieu [29].
À partir de 1865, l’amirauté britannique autorisait les colonies de l’empire à arborer le Blue Ensign avec la marque de leur choix pour identifier leurs bateaux ou ceux à leur service. Eugène-Étienne Taché avait alors proposé une couronne de feuille d’érable ayant au centre un castor surmonté de la couronne royale (fig. 7). Sa proposition resta sans suite, mais la volonté de donner à un drapeau britannique une marque canadienne attirait l’attention de certains journaux [26]. En 1919, la Société d'archéologie et de numismatique de Montréal, dont l’héraldiste Victor Morin était vice-président, proposait comme drapeau pour le Canada l’Union Jack portant au centre une feuille d’érable jaune (d’or) [27]. La même année, à titre personnel, Morin recommandait une variante similaire. Il croyait que tous les pays de l’empire britannique devraient avoir l’autorisation d’arborer l’Union Jack avec une marque distinctive qui serait pour le Canada un écusson d’argent placé au centre et meublé d’une feuille d’érable verte [28]. Deux décennies plus tard, il tenait toujours à son idée d’un Union Jack avec une feuille d’érable au milieu [29].
Fig. 7. En 1866, Eugène-Étienne Taché proposait de placer sur le battant du Blue Ensign un castor surmonté de la couronne royale au centre d’une guirlande de feuilles d’érable. Ce drapeau allait servir à identifier les navires du gouvernement canadien. L’illustration ci-dessus reprend le même schéma sur une carte postale privée convoquant les membres de la Epworth League à une convention à Toronto en juillet 1897.
En 1920, le journal L a Presse publiait un article qui retraçait les drapeaux arborés ou suggérés pour le Dominion du Canada et pour les Canadiens français depuis la Confédération. Dans le cas du Dominion, il soulignait en particulier une proposition de John Charles Allison Heriot, architecte de Montréal, qui retenait l’Union Jack avec la feuille jaune au centre, ce qui n’est pas surprenant puisqu’il était un membre éminent de la Société d'archéologie et de numismatique de Montréal qui préconisait ce même drapeau [30]. En 1926, La Presse organisait un concours pour recueillir des propositions pour un drapeau national. Les juges étaient en majorité francophones [31]. Le 29 mai, un éditorial annonçait le drapeau gagnant composé d’un fond blanc meublé de l’Union Jack en haut près de la hampe et d’une feuille d’érable verte sur le battant. L’éditorial expliquait qu’il fallait souligner l’allégeance à la Grande-Bretagne et que le Red Ensign marquait cette allégeance. Par contre, comme il était le drapeau de marine marchande britannique, il fallait y ajouter un élément essentiellement canadien, notamment la feuille d’érable et un fond blanc. L’honorable Louis-René Beaudoin, député de Vaudreuil-Soulanges, affirmera plus tard que le fond blanc représentait la couleur de la période française [32]. Il s’agissait assurément du symbolisme voulu par les juges. Arthur Doughty qui siégeait parmi eux savait qu’un pavillon blanc avait flotté pendant un siècle environ sur les forts français en Amérique du Nord [33]. Un drapeau conçu pour le pays par Anatole Vanier en 1927 ajoutait trois fleurs de lis bleues sur un rectangle blanc placé sous l’Union Jack d’un Red Ensign [34].
D’autres drapeaux conçus pour représenter le Canada préféraient la trilogie Grande-Bretagne, France, Canada. En 1939, Ephrem Côté concevait un drapeau ou figurait l’Union Jack, la feuille d’érable et la fleur de lis, essentiellement les mêmes composantes que le drapeau de Duguid (fig. 4) [35]. Vers 1943, la Ligue du drapeau national de la ville de Québec lançait un drapeau divisé diagonalement rouge sur blanc avec une feuille d’érable verte au milieu [36]. Dans cet agencement le rouge symbolisait les origines britanniques, le blanc représentait les origines françaises, et la feuille d’érable « … la terre du Dominion où vivent côte à côte ces deux races. [37] » Le drapeau de la Ligue recevait l’appui des National Flag Clubs of Canada et des Native Sons of Canada [38]. En 1944, Eugène Achard plaçait sur le bleu de l’ancienne France, une croix blanche aussi symbole de la France, et sur elle la croix rouge de Saint-Georges, patron de l’Angleterre. Au centre de la deuxième croix, une feuille d’érable verte enclose dans un cercle de neuf étoiles blanches représentait le Canada et les étoiles ses neuf provinces (fig. 8) [39]. L’historien George F. Stanley pour sa part, signalait correctement que le blanc et le rouge avaient figurés sur des drapeaux aussi bien de la France que de la Grande-Bretagne et que la feuille d’érable représentait les deux ethnies (voir Appendice I).
Fig. 8. Drapeau proposé pour le Canada par Eugène Achard dans sa brochure L’Histoire du drapeau canadien, Montréal, Librairie générale canadienne, 1944, couverture et p. 45.
Toujours dans les années 40, se dessinait chez certains Québécois un mouvement pour obtenir un drapeau national libre de symboles coloniaux. Le 21 mars 1946, Bona Arsenault, député de Bonaventure, prononçait un discours devant la Chambre des communes plaidant pour un drapeau qui n’était ni anglo-canadien, ni franco-canadien « ni un drapeau colonial anglais et français, mais un drapeau national entièrement canadien » où la feuille d’érable occuperait « la place d’honneur » [40]. Le 18 juillet 1946, Paul-Edmond Gagnon, député de Chicoutimi, affirmait que les lettres et télégrammes provenant des habitants de la région de Chicoutimi indiquaient que 98% d’entre eux souhaitent un drapeau « absolument distinctif » : « Pas de Union Jack, pas de fleur de lis, pas de camouflage, pas de vieille étoffe impériale raccommodée avec des feuilles d’érable, mais un drapeau neuf, unique, symbolisant une nation souveraine, libre et indépendante. » Il estimait qu’un drapeau distinctif deviendrait le mortier de l’unité nationale : « Un drapeau distinctif, essentiellement canadien, sera un signe de ralliement pour tous les Canadiens. Un drapeau hybride, même s’il se nomme Red Ensign, sera le symbole de la désunion et de la mésentente. Nous n’en voulons pas [41]. »
Le 27 février 1946, l’Assemblée législative du Québec votait à l’unanimité une proposition demandant au comité fédéral constitué pour doter le Canada d’un drapeau de choisir « un drapeau véritablement canadien ». Le fait que le 11 juillet le comité avait opté pour un Red Ensign avec une feuille d’érable dorée lisérée de blanc sur le battant, c’est-à-dire un drapeau qui étalait toujours des signes de « servage et colonialisme » selon René Chaloult, incita ce député à inscrire au feuilleton de la Chambre, le 19 novembre, une motion invitant le gouvernement du Québec à se choisir « un drapeau nettement canadien et qui symbolise les aspirations du peuple de cette province. » Les premières clauses du décret du lieutenant-gouverneur en conseil daté du 21 janvier 1948 et sanctionnant le drapeau actuel s’attachaient à justifier la nécessité d’un drapeau distinctif pour le Québec et blâmaient la résistance du fédéral à adopter un drapeau distinctif « ATTENDU qu’il n’existe pas actuellement de drapeau canadien distinctif; ATTENDU que les autorités fédérales semblent s’opposer à l’adoption d’un drapeau exclusivement canadien et négligent, en conséquence de donner à notre pays, le Canada, un drapeau qu’il est en droit d’avoir ; […] IL EST ORDONNÉ, en conséquence, … » [42]. Cette volonté de justification s’explique peut-être par le fait qu’il s’agissait de la première province canadienne à se doter d’un drapeau de son propre chef.
En 1964, les députés québécois continuaient à préconiser un drapeau libre des symboles des mères patries. Ils participaient toujours aux débats de la Chambre et les citoyens québécois soumettaient toujours des propositions pour un drapeau national. Parmi les interventions en Chambre préconisant un drapeau qui favoriserait l’unité du pays, citons Maurice Rinfret député de Saint-Jacques : « Le drapeau est vraiment un agent d’unité nationale en temps de paix comme en temps de guerre. » et « L’heure est venue pour le Canada de choisir un drapeau distinctif permanent que garderont les générations futures, puisqu’on lui donnera un ‘statut clair’ et officiel [43]. » Pour sa part, Gérard Girouard, député de Labellle, refusait un drapeau qui exprimerait la « dualité ethnique, historique et culturelle » et ajoute « Non. Nous voulons un seul drapeau pour un seul Canada [44]. »
Dans La Presse du 21 mai 1964, Gérard Pelletier exprimait une opinion catégorique : « Au Québec, la question du drapeau ne soulève plus grand intérêt et l’adoption du ‘fleurdérablisé’ ne causera à personne une grande joie » [45]. Interviewé par le Toronto Daily Star le 12 juin suivant, Pierre Elliott Trudeau renchérissait « Quebec doesn’t give a tinker`s damn about the new flag, it`s a matter of complete indifference … » (Les Québécois se fichent éperdument du nouveau drapeau; il est l’objet d’une indifférence totale …) [46]. Matheson confia au journaliste Peter Stursberg qu’il avait longuement réfléchi au sujet de la participation des Canadiens français à la création du drapeau et que son impression était qu’ils demeuraient neutres, voire à l’écart [47].
Le fait que le Québec avait un drapeau que les habitants percevaient de plus en plus comme leur drapeau national émoussait certes leur intérêt pour la question d’un drapeau national. Mais les propositions de drapeau soumis par des Québécois [48], les débats en Chambre, les éditoriaux et les lettres de particuliers dans les journaux viennent démentir la notion d’une indifférence complète du Québec vis-à-vis un drapeau national.
Une analyse de Mathieu Frappier porte sur quatre journaux : La Presse, Le Devoir, The Montreal Gazette et le Globe and Mail de Toronto [49]. La figure 1 de son ouvrage (p. 66) démontre que les éditoriaux sur la question du drapeau de 1962 à 1967 sont plus nombreux dans La Presse et Le Devoir que dans The Montreal Gazette et The Globe and Mail. La figure 2 (p. 67) atteste que les éditoriaux des deux journaux francophones connaissent une hausse marquée pendant la période de 1963 à 1965. On constate à partir du tableau 1 (p. 68) que les éditoriaux des deux journaux francophones sont à l00% en faveur d’un nouveau drapeau alors que les deux journaux anglophones, tout en étant partagés sur la question, favorise davantage un nouveau drapeau. Les lettres aux éditeurs de 1962 à 1967 concernant le drapeau sont sensiblement plus nombreuses chez les anglophones que les francophones (figure 3, p. 69, figure 4, p. 70). Ces lettres connaissent une hausse marquée pendant la période 1963-1965 [50]. Par contre, le Tableau 2 (p. 71) révèle que les lettres des francophones favorisent à 100% un nouveau drapeau et que, quoique partagées, les lettres anglophones favorisent néanmoins un nouveau drapeau.
Les extraits de journaux cités par Frappier (pages 73 à 101) offrent un éventail représentatif des opinions qui circulaient chez ceux qui voulaient un nouveau drapeau et ceux qui s’y opposaient. J’ai tenté d’en faire le résumé ci-dessous, mais les pages citées sont à lire, car elles démontrent clairement que beaucoup d’anglophones et de francophones préconisaient un drapeau distinctif.
Le 27 février 1946, l’Assemblée législative du Québec votait à l’unanimité une proposition demandant au comité fédéral constitué pour doter le Canada d’un drapeau de choisir « un drapeau véritablement canadien ». Le fait que le 11 juillet le comité avait opté pour un Red Ensign avec une feuille d’érable dorée lisérée de blanc sur le battant, c’est-à-dire un drapeau qui étalait toujours des signes de « servage et colonialisme » selon René Chaloult, incita ce député à inscrire au feuilleton de la Chambre, le 19 novembre, une motion invitant le gouvernement du Québec à se choisir « un drapeau nettement canadien et qui symbolise les aspirations du peuple de cette province. » Les premières clauses du décret du lieutenant-gouverneur en conseil daté du 21 janvier 1948 et sanctionnant le drapeau actuel s’attachaient à justifier la nécessité d’un drapeau distinctif pour le Québec et blâmaient la résistance du fédéral à adopter un drapeau distinctif « ATTENDU qu’il n’existe pas actuellement de drapeau canadien distinctif; ATTENDU que les autorités fédérales semblent s’opposer à l’adoption d’un drapeau exclusivement canadien et négligent, en conséquence de donner à notre pays, le Canada, un drapeau qu’il est en droit d’avoir ; […] IL EST ORDONNÉ, en conséquence, … » [42]. Cette volonté de justification s’explique peut-être par le fait qu’il s’agissait de la première province canadienne à se doter d’un drapeau de son propre chef.
En 1964, les députés québécois continuaient à préconiser un drapeau libre des symboles des mères patries. Ils participaient toujours aux débats de la Chambre et les citoyens québécois soumettaient toujours des propositions pour un drapeau national. Parmi les interventions en Chambre préconisant un drapeau qui favoriserait l’unité du pays, citons Maurice Rinfret député de Saint-Jacques : « Le drapeau est vraiment un agent d’unité nationale en temps de paix comme en temps de guerre. » et « L’heure est venue pour le Canada de choisir un drapeau distinctif permanent que garderont les générations futures, puisqu’on lui donnera un ‘statut clair’ et officiel [43]. » Pour sa part, Gérard Girouard, député de Labellle, refusait un drapeau qui exprimerait la « dualité ethnique, historique et culturelle » et ajoute « Non. Nous voulons un seul drapeau pour un seul Canada [44]. »
Dans La Presse du 21 mai 1964, Gérard Pelletier exprimait une opinion catégorique : « Au Québec, la question du drapeau ne soulève plus grand intérêt et l’adoption du ‘fleurdérablisé’ ne causera à personne une grande joie » [45]. Interviewé par le Toronto Daily Star le 12 juin suivant, Pierre Elliott Trudeau renchérissait « Quebec doesn’t give a tinker`s damn about the new flag, it`s a matter of complete indifference … » (Les Québécois se fichent éperdument du nouveau drapeau; il est l’objet d’une indifférence totale …) [46]. Matheson confia au journaliste Peter Stursberg qu’il avait longuement réfléchi au sujet de la participation des Canadiens français à la création du drapeau et que son impression était qu’ils demeuraient neutres, voire à l’écart [47].
Le fait que le Québec avait un drapeau que les habitants percevaient de plus en plus comme leur drapeau national émoussait certes leur intérêt pour la question d’un drapeau national. Mais les propositions de drapeau soumis par des Québécois [48], les débats en Chambre, les éditoriaux et les lettres de particuliers dans les journaux viennent démentir la notion d’une indifférence complète du Québec vis-à-vis un drapeau national.
Une analyse de Mathieu Frappier porte sur quatre journaux : La Presse, Le Devoir, The Montreal Gazette et le Globe and Mail de Toronto [49]. La figure 1 de son ouvrage (p. 66) démontre que les éditoriaux sur la question du drapeau de 1962 à 1967 sont plus nombreux dans La Presse et Le Devoir que dans The Montreal Gazette et The Globe and Mail. La figure 2 (p. 67) atteste que les éditoriaux des deux journaux francophones connaissent une hausse marquée pendant la période de 1963 à 1965. On constate à partir du tableau 1 (p. 68) que les éditoriaux des deux journaux francophones sont à l00% en faveur d’un nouveau drapeau alors que les deux journaux anglophones, tout en étant partagés sur la question, favorise davantage un nouveau drapeau. Les lettres aux éditeurs de 1962 à 1967 concernant le drapeau sont sensiblement plus nombreuses chez les anglophones que les francophones (figure 3, p. 69, figure 4, p. 70). Ces lettres connaissent une hausse marquée pendant la période 1963-1965 [50]. Par contre, le Tableau 2 (p. 71) révèle que les lettres des francophones favorisent à 100% un nouveau drapeau et que, quoique partagées, les lettres anglophones favorisent néanmoins un nouveau drapeau.
Les extraits de journaux cités par Frappier (pages 73 à 101) offrent un éventail représentatif des opinions qui circulaient chez ceux qui voulaient un nouveau drapeau et ceux qui s’y opposaient. J’ai tenté d’en faire le résumé ci-dessous, mais les pages citées sont à lire, car elles démontrent clairement que beaucoup d’anglophones et de francophones préconisaient un drapeau distinctif.
3.1 Arguments en faveur
1) Il faut délaisser les symboles coloniaux de domination pour des symboles entièrement canadiens.
2) Si les francophones acceptent de renoncer à la fleur de lis, les anglophones devraient aussi renoncer aux symboles coloniaux qui les représentent.
3) Il est important de représenter les deux ethnies en retenant des emblèmes britanniques comme l’Union Jack et le Red Ensign et en incluant des fleurs de lis pour marquer le fait français.
4) Un nouveau drapeau se doit de représenter, non seulement les deux ethnies, mais toutes les ethnies canadiennes.
5) Le Red Ensign canadien, un pavillon de la marine marchande britannique portant une marque canadienne, est difficile à identifier vu la présence de nombreux drapeaux du même genre.
6) Pendant la Seconde Guerre mondiale, les soldats canadiens se reconnaissaient, non pas par un quelconque drapeau, car on n’en voyait pas sur les champs de bataille, mais par la feuille d’érable sur les uniformes et les véhicules.
7) L’Union Jack et le Red Ensign rappellent la défaite des Canadiens français sur les plaines d’Abraham. Ces emblèmes ne favorisent pas la bonne entente.
8) Les jeunes et les néo-Canadiens favorisent un nouveau drapeau avec la feuille d’érable.
9) Les Canadiens d’origine ou de descendance britanniques sont en minorité et n’ont plus le droit d’imposer leurs emblèmes (voir à ce sujet fig. 9).
10) Un nouveau drapeau s’impose pour préserver l’unité nationale.
1) Il faut délaisser les symboles coloniaux de domination pour des symboles entièrement canadiens.
2) Si les francophones acceptent de renoncer à la fleur de lis, les anglophones devraient aussi renoncer aux symboles coloniaux qui les représentent.
3) Il est important de représenter les deux ethnies en retenant des emblèmes britanniques comme l’Union Jack et le Red Ensign et en incluant des fleurs de lis pour marquer le fait français.
4) Un nouveau drapeau se doit de représenter, non seulement les deux ethnies, mais toutes les ethnies canadiennes.
5) Le Red Ensign canadien, un pavillon de la marine marchande britannique portant une marque canadienne, est difficile à identifier vu la présence de nombreux drapeaux du même genre.
6) Pendant la Seconde Guerre mondiale, les soldats canadiens se reconnaissaient, non pas par un quelconque drapeau, car on n’en voyait pas sur les champs de bataille, mais par la feuille d’érable sur les uniformes et les véhicules.
7) L’Union Jack et le Red Ensign rappellent la défaite des Canadiens français sur les plaines d’Abraham. Ces emblèmes ne favorisent pas la bonne entente.
8) Les jeunes et les néo-Canadiens favorisent un nouveau drapeau avec la feuille d’érable.
9) Les Canadiens d’origine ou de descendance britanniques sont en minorité et n’ont plus le droit d’imposer leurs emblèmes (voir à ce sujet fig. 9).
10) Un nouveau drapeau s’impose pour préserver l’unité nationale.
3.2 Arguments contre
1) Adopter un drapeau à trois ou à une feuille d’érable, c’est répudier les anciennes traditions britanniques représentées par l’Union Jack et le Red Ensign.
2) L’Union Jack et le Red Ensign sont liés de longue date à l’histoire du pays et à ses bâtisseurs.
3) L’Union Jack et le Red Ensign sont des symboles de sacrifice pour les soldats canadiens qui ont combattu pendant les deux Guerre mondiales. Rejeter ces symboles équivaut à une trahison.
4) Le Red Ensign est reconnu comme l’emblème du Canada à travers le monde et fait connaître le Canada comme une grande nation du Commonwealth. Il est respecté et arboré par beaucoup de Québécois comme il l’est dans les autres provinces.
5) La feuille d’érable n’est pas représentative du pays, car l’érable est très rare dans les régions des Prairies.
6) Un symbolisme qui veut honorer les Canadiens français et les Canadiens de langue anglaise et tous les nouveaux Canadiens invite à la désunion, à des noms avec trait d’union comme franco-Canadiens, anglo-Canadiens, néo-Canadiens.
7) La couleur rouge de la feuille d’érable représente la fin de sa vie et n’est pas appropriée pour un jeune pays.
8) Le fanion de Pearson représente des éléments extrémistes chez les francophones et chez les Canadiens en général et ignore les majorités silencieuses parmi ces groupes qui ont bâti le pays.
Au-delà des opinions les plus diverses entourant la question d’un drapeau national, un facteur continuait à peser lourdement dans la balance. L’impulsion pour doter le pays d’un drapeau distinctif venait des anglophones et les propositions qui ont influencé la genèse du drapeau finalement choisi émanaient aussi d’anglophones. La controverse qui consistait à retenir les emblèmes britanniques ou à se doter d’un nouvel emblème préoccupait surtout les anglophones et les débats les plus acrimonieux à ce sujet en Chambre se déroulaient entre anglophones [51]. Chose certaine, il n’était pas logique, d’une part, de taxer les Québécois d’indifférence vis-à-vis la question d’un drapeau national et, d’autre part, de les blâmer d’être à la source des passions que ce débat déchaînait.
1) Adopter un drapeau à trois ou à une feuille d’érable, c’est répudier les anciennes traditions britanniques représentées par l’Union Jack et le Red Ensign.
2) L’Union Jack et le Red Ensign sont liés de longue date à l’histoire du pays et à ses bâtisseurs.
3) L’Union Jack et le Red Ensign sont des symboles de sacrifice pour les soldats canadiens qui ont combattu pendant les deux Guerre mondiales. Rejeter ces symboles équivaut à une trahison.
4) Le Red Ensign est reconnu comme l’emblème du Canada à travers le monde et fait connaître le Canada comme une grande nation du Commonwealth. Il est respecté et arboré par beaucoup de Québécois comme il l’est dans les autres provinces.
5) La feuille d’érable n’est pas représentative du pays, car l’érable est très rare dans les régions des Prairies.
6) Un symbolisme qui veut honorer les Canadiens français et les Canadiens de langue anglaise et tous les nouveaux Canadiens invite à la désunion, à des noms avec trait d’union comme franco-Canadiens, anglo-Canadiens, néo-Canadiens.
7) La couleur rouge de la feuille d’érable représente la fin de sa vie et n’est pas appropriée pour un jeune pays.
8) Le fanion de Pearson représente des éléments extrémistes chez les francophones et chez les Canadiens en général et ignore les majorités silencieuses parmi ces groupes qui ont bâti le pays.
Au-delà des opinions les plus diverses entourant la question d’un drapeau national, un facteur continuait à peser lourdement dans la balance. L’impulsion pour doter le pays d’un drapeau distinctif venait des anglophones et les propositions qui ont influencé la genèse du drapeau finalement choisi émanaient aussi d’anglophones. La controverse qui consistait à retenir les emblèmes britanniques ou à se doter d’un nouvel emblème préoccupait surtout les anglophones et les débats les plus acrimonieux à ce sujet en Chambre se déroulaient entre anglophones [51]. Chose certaine, il n’était pas logique, d’une part, de taxer les Québécois d’indifférence vis-à-vis la question d’un drapeau national et, d’autre part, de les blâmer d’être à la source des passions que ce débat déchaînait.
4. Deux visions de la monarchie
Dans son ouvrage sur les drapeaux du Canada, Alistair Fraser affirme que le désaccord au sujet du drapeau n’était pas avant tout entre Canadiens de langue anglaise et Canadiens de langue française, mais entre anglophones impérialistes et anglophones nationalistes et que les nationalistes francophones qui participaient au débat se rendaient compte que, pour faire avancer les choses, il fallait d’abord que les anglophones se mettent d’accord [52]. Ces mots résument bien un important aspect du débat, mais il convient, néanmoins, de nuancer les mots « impérialistes » et « nationalistes ». Au départ, il serait faux d’affirmer que ceux qui voulaient conserver des emblèmes britanniques étaient plus impérialistes que Canadiens et que ceux qui militaient pour des symboles reflétant l’histoire et la géographie du pays étaient nationalistes et sans attachement à leurs origines britanniques. Comme nous le verrons, plusieurs des participants clés au choix d’un drapeau national étaient fiers de leur origines britanniques et attachés à monarchie, mais à la monarchie canadienne, dans le sens d’une souveraine portant le titre de reine du Canada. Pour bien comprendre l’enjeu, il importe de faire un retour en arrière.
Les Canadiens ont démontré leur attachement à la fois à la Couronne britannique et aux symboles du terroir aussitôt après la Confédération. En 1868, la reine Victoria concédait au Canada un écu avec les armoiries des quatre provinces originales à se confédérer, lequel agencement devait servir de Grand Sceau au pays. Les Canadiens estimèrent, non sans fondement, qu’il s’agissait des armoiries nationales et commencèrent à placer la couronne royale au-dessus de l’écu, des branches d’érable de chaque côté et un castor où les branches se croisaient en-dessous [53]. Ainsi, ils « monarchisaient » et « canadianisaient » en même temps l’emblème qu’ils croyaient être leurs armoiries nationales. En 1883, le Québec, comme les autres provinces, s’engageait dans le même sillon en plaçant la couronne royale au-dessus de son écu et des branches d’érable de chaque côté [54]. Depuis Victoria, on représentait parfois l’effigie des souverains britanniques accompagnée d’un castor et de feuilles d’érable [55]. Souvent l’Union Jack et le Red Ensign côtoyaient des castors et/ou des feuilles d’érable (fig. 1-2) [56]. Souvent aussi le castor et la feuille d’érable figuraient ensemble ou individuellement comme emblèmes du pays [57].
Le Statut de Westminster de 1931 conférait la souveraineté aux dominions de l’Empire dont le Canada. Lors d’une conférence des premiers ministres du Commonwealth en 1952, ils se mettaient tous d’accord pour que la reine porte un titre adapté à chaque pays. L’année suivante le Parlement canadien lui conférait le titre de reine du Canada. En 1962, la reine Elizabeth II adoptait une bannière formée des armoiries du Canada couvrant le fond et au centre son insigne personnel : la lettre E surmontée de la couronne royale sur fond bleu, le tout enclos dans une couronne de roses et de feuilles d’érable. Au moment de choisir un drapeau canadien dans les années 1960, la majorité des colonies de l’Empire britanniques avaient accédé à l’indépendance. Depuis des décennies, on ne parlait plus d’Empire, mais de Commonwealth britannique des nations qui était une association volontaire regroupant les anciennes colonies de l’Empire. Dans les années 1960, il aurait semblé approprié de qualifier de « commonwealthistes » ceux qui voulaient conserver, en entier ou en partie, les emblèmes de la Grande-Bretagne. Mais une bonne tranche de la population n’était pas au diapason de l’évolution politique du pays et demeurait carrément impérialiste. Des politiciens ont exploité cet état de fait à des fins partisanes et, dans certains cas, ils semblaient partager la même conviction.
Il ne fait nul doute que le chef de l’opposition John George Diefenbaker et les députés conservateurs qui militaient pour la conservation de l’Union Jack et du Red Ensign étaient monarchistes en ce sens qu’ils se voyaient comme gardiens des valeurs et traditions britanniques. Leur discours était souvent tourné vers le lointain passé faisant remonter les origines de l’Union Jack aux croisades et l’élevant au rang de symbole de la chrétienté en raison de ses croix de Saint-Georges, Saint-André et Saint-Patrick qui en font un symbole approprié pour « les catholiques de la province de Québec … attachés … aux traditions chrétiennes » [58]. Le fait que la reine Elizabeth II portait le titre de reine du Canada depuis 1953 était très peu connu des Canadiens et, à la lecture des débats, on constate que certains députés conservateurs parlent de l’allégeance à la couronne britannique ou citent des textes d’époque allant dans le même sens, mais qui devraient plutôt faire état de la Couronne du Canada [59].
Ceux qui ont joué un rôle important dans la genèse du drapeau canadien étaient tous anglophones, notamment Lester B. Pearson, John R. Matheson, George F. Stanley et Alan B. Beddoe. Ils étaient tout aussi monarchistes que ceux qui voulaient conserver l’Union Jack ou le Red Ensign, mais leur monarchie s’exprimait par la couronne du Canada. Matheson avait eu un différend avec sir Anthony Wagner, roi d’armes Jarretière au Collège d’armes à Londres. Jarretière prétendait que la question d’un drapeau pour le Canada relevait de son autorité. Matheson était d’avis que la question relevait du Canada et de Sa Majesté à titre de reine du Canada. À l’été de 1965, il avait exprimé son point de vue au premier ministre Pearson qui semblait abonder dans le même sens [60]. Pendant les débats, Pearson rétorquait à ceux l’accusait d’oublier son passé en voulant un nouveau drapeau : « Suis-je censé oublier mon passé britannique parce que j’envisage mon avenir de Canadien? » [61]. L’héraldiste Beddoe croyait fermement que la création d’un organisme autorisé à concéder des emblèmes au Canada devait se faire grâce à la prérogative de la reine sur le plan des distinctions honorifiques et comme souveraine du Canada [62]. Comme Pearson, Stanley était diplômé de l’Université d’Oxford. On ne peut douter de son respect pour la monarchie puisqu’il sera nommé lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick, mais il ne fait aucun doute qu’il voulait un drapeau distinctif pour le Canada (voir Appendice I).
Dans son ouvrage sur les drapeaux du Canada, Alistair Fraser affirme que le désaccord au sujet du drapeau n’était pas avant tout entre Canadiens de langue anglaise et Canadiens de langue française, mais entre anglophones impérialistes et anglophones nationalistes et que les nationalistes francophones qui participaient au débat se rendaient compte que, pour faire avancer les choses, il fallait d’abord que les anglophones se mettent d’accord [52]. Ces mots résument bien un important aspect du débat, mais il convient, néanmoins, de nuancer les mots « impérialistes » et « nationalistes ». Au départ, il serait faux d’affirmer que ceux qui voulaient conserver des emblèmes britanniques étaient plus impérialistes que Canadiens et que ceux qui militaient pour des symboles reflétant l’histoire et la géographie du pays étaient nationalistes et sans attachement à leurs origines britanniques. Comme nous le verrons, plusieurs des participants clés au choix d’un drapeau national étaient fiers de leur origines britanniques et attachés à monarchie, mais à la monarchie canadienne, dans le sens d’une souveraine portant le titre de reine du Canada. Pour bien comprendre l’enjeu, il importe de faire un retour en arrière.
Les Canadiens ont démontré leur attachement à la fois à la Couronne britannique et aux symboles du terroir aussitôt après la Confédération. En 1868, la reine Victoria concédait au Canada un écu avec les armoiries des quatre provinces originales à se confédérer, lequel agencement devait servir de Grand Sceau au pays. Les Canadiens estimèrent, non sans fondement, qu’il s’agissait des armoiries nationales et commencèrent à placer la couronne royale au-dessus de l’écu, des branches d’érable de chaque côté et un castor où les branches se croisaient en-dessous [53]. Ainsi, ils « monarchisaient » et « canadianisaient » en même temps l’emblème qu’ils croyaient être leurs armoiries nationales. En 1883, le Québec, comme les autres provinces, s’engageait dans le même sillon en plaçant la couronne royale au-dessus de son écu et des branches d’érable de chaque côté [54]. Depuis Victoria, on représentait parfois l’effigie des souverains britanniques accompagnée d’un castor et de feuilles d’érable [55]. Souvent l’Union Jack et le Red Ensign côtoyaient des castors et/ou des feuilles d’érable (fig. 1-2) [56]. Souvent aussi le castor et la feuille d’érable figuraient ensemble ou individuellement comme emblèmes du pays [57].
Le Statut de Westminster de 1931 conférait la souveraineté aux dominions de l’Empire dont le Canada. Lors d’une conférence des premiers ministres du Commonwealth en 1952, ils se mettaient tous d’accord pour que la reine porte un titre adapté à chaque pays. L’année suivante le Parlement canadien lui conférait le titre de reine du Canada. En 1962, la reine Elizabeth II adoptait une bannière formée des armoiries du Canada couvrant le fond et au centre son insigne personnel : la lettre E surmontée de la couronne royale sur fond bleu, le tout enclos dans une couronne de roses et de feuilles d’érable. Au moment de choisir un drapeau canadien dans les années 1960, la majorité des colonies de l’Empire britanniques avaient accédé à l’indépendance. Depuis des décennies, on ne parlait plus d’Empire, mais de Commonwealth britannique des nations qui était une association volontaire regroupant les anciennes colonies de l’Empire. Dans les années 1960, il aurait semblé approprié de qualifier de « commonwealthistes » ceux qui voulaient conserver, en entier ou en partie, les emblèmes de la Grande-Bretagne. Mais une bonne tranche de la population n’était pas au diapason de l’évolution politique du pays et demeurait carrément impérialiste. Des politiciens ont exploité cet état de fait à des fins partisanes et, dans certains cas, ils semblaient partager la même conviction.
Il ne fait nul doute que le chef de l’opposition John George Diefenbaker et les députés conservateurs qui militaient pour la conservation de l’Union Jack et du Red Ensign étaient monarchistes en ce sens qu’ils se voyaient comme gardiens des valeurs et traditions britanniques. Leur discours était souvent tourné vers le lointain passé faisant remonter les origines de l’Union Jack aux croisades et l’élevant au rang de symbole de la chrétienté en raison de ses croix de Saint-Georges, Saint-André et Saint-Patrick qui en font un symbole approprié pour « les catholiques de la province de Québec … attachés … aux traditions chrétiennes » [58]. Le fait que la reine Elizabeth II portait le titre de reine du Canada depuis 1953 était très peu connu des Canadiens et, à la lecture des débats, on constate que certains députés conservateurs parlent de l’allégeance à la couronne britannique ou citent des textes d’époque allant dans le même sens, mais qui devraient plutôt faire état de la Couronne du Canada [59].
Ceux qui ont joué un rôle important dans la genèse du drapeau canadien étaient tous anglophones, notamment Lester B. Pearson, John R. Matheson, George F. Stanley et Alan B. Beddoe. Ils étaient tout aussi monarchistes que ceux qui voulaient conserver l’Union Jack ou le Red Ensign, mais leur monarchie s’exprimait par la couronne du Canada. Matheson avait eu un différend avec sir Anthony Wagner, roi d’armes Jarretière au Collège d’armes à Londres. Jarretière prétendait que la question d’un drapeau pour le Canada relevait de son autorité. Matheson était d’avis que la question relevait du Canada et de Sa Majesté à titre de reine du Canada. À l’été de 1965, il avait exprimé son point de vue au premier ministre Pearson qui semblait abonder dans le même sens [60]. Pendant les débats, Pearson rétorquait à ceux l’accusait d’oublier son passé en voulant un nouveau drapeau : « Suis-je censé oublier mon passé britannique parce que j’envisage mon avenir de Canadien? » [61]. L’héraldiste Beddoe croyait fermement que la création d’un organisme autorisé à concéder des emblèmes au Canada devait se faire grâce à la prérogative de la reine sur le plan des distinctions honorifiques et comme souveraine du Canada [62]. Comme Pearson, Stanley était diplômé de l’Université d’Oxford. On ne peut douter de son respect pour la monarchie puisqu’il sera nommé lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick, mais il ne fait aucun doute qu’il voulait un drapeau distinctif pour le Canada (voir Appendice I).
5. Les Ensigns : des diminutifs de l’Union Jack
Tous les pavillons britanniques, Red Ensign, Blue Ensign et White Ensign, sont des marques du Royaume-Uni sur mer, ils ne représentent pas la nation comme entité politique. En 1964, le colonel Fortescue Duguid tentait d’expliquer ce phénomène du monde britannique au comité du drapeau : « L’ensign est une modification au drapeau national qui diminue son niveau d’un cran. Si vous placez un autre insigne (badge) sur celui-ci, vous le reléguez à un plan encore plus bas et à une autre catégorie [63]. » Cette courte déclaration de l’historien Duguid renferme un concept d’une grande signification à l’effet qu’un Ensign (bleu, rouge ou blanc) symbolise essentiellement un statut d’infériorité vis-à-vis l’Union Jack comme drapeau national et est diminué davantage par l’ajout d’un insigne. Il est vrai que des pays indépendants comme l’Australie et la Nouvelle Zélande ont adopté le Blue Ensign avec des ajouts et que les Bermudes, un territoire britannique, et les provinces canadiennes de l’Ontario et du Manitoba arborent des Red Ensign modifiés, mais on ne peut pour autant oublier l’association de ces pavillons au colonialisme (voir Appendice II). Le simple bon sens semble dicter que des drapeaux autorisés à l’origine pour identifier les bateaux des colonies britanniques, ne sont pas particulièrement appropriés pour représenter des pays indépendants.
Tous les pavillons britanniques, Red Ensign, Blue Ensign et White Ensign, sont des marques du Royaume-Uni sur mer, ils ne représentent pas la nation comme entité politique. En 1964, le colonel Fortescue Duguid tentait d’expliquer ce phénomène du monde britannique au comité du drapeau : « L’ensign est une modification au drapeau national qui diminue son niveau d’un cran. Si vous placez un autre insigne (badge) sur celui-ci, vous le reléguez à un plan encore plus bas et à une autre catégorie [63]. » Cette courte déclaration de l’historien Duguid renferme un concept d’une grande signification à l’effet qu’un Ensign (bleu, rouge ou blanc) symbolise essentiellement un statut d’infériorité vis-à-vis l’Union Jack comme drapeau national et est diminué davantage par l’ajout d’un insigne. Il est vrai que des pays indépendants comme l’Australie et la Nouvelle Zélande ont adopté le Blue Ensign avec des ajouts et que les Bermudes, un territoire britannique, et les provinces canadiennes de l’Ontario et du Manitoba arborent des Red Ensign modifiés, mais on ne peut pour autant oublier l’association de ces pavillons au colonialisme (voir Appendice II). Le simple bon sens semble dicter que des drapeaux autorisés à l’origine pour identifier les bateaux des colonies britanniques, ne sont pas particulièrement appropriés pour représenter des pays indépendants.
6. Données démographiques
Les données démographiques (fig. 9) démontrent que la composition ethnographique du pays n’était plus majoritairement originaire du Royaume-Uni en 1951. La marge était faible, mais il s’agissait d’une tendance irréversible. Les armoiries du Canada de 1921 mettaient l’accent sur les nations fondatrices, notamment les Anglais, les Français, les Écossais et les Irlandais alors que trois feuilles d’érable dans le bas de l’écu représentaient les Canadiens. Au recensement de 2016, beaucoup plus de répondants se disaient Canadiens que ceux qui se déclaraient originaires de la Grande-Bretagne [64]. Vu la démographie en évolution, il était temps de choisir un drapeau, qui incarnerait des valeurs canadiennes.
Les données démographiques (fig. 9) démontrent que la composition ethnographique du pays n’était plus majoritairement originaire du Royaume-Uni en 1951. La marge était faible, mais il s’agissait d’une tendance irréversible. Les armoiries du Canada de 1921 mettaient l’accent sur les nations fondatrices, notamment les Anglais, les Français, les Écossais et les Irlandais alors que trois feuilles d’érable dans le bas de l’écu représentaient les Canadiens. Au recensement de 2016, beaucoup plus de répondants se disaient Canadiens que ceux qui se déclaraient originaires de la Grande-Bretagne [64]. Vu la démographie en évolution, il était temps de choisir un drapeau, qui incarnerait des valeurs canadiennes.
Fig. 9. Ce tableau, qui reflète le recensement de 1951, démontre que déjà les Canadiens d’origine britannique (Anglais, Écossais et Irlandais) formaient un peu moins de la moitié de la population (Encyclopedia Canadiana, Ottawa, 1958, p. 237).
7. L’éternelle feuille d’érable
Le 27 mai 1964, douze Canadiens, dont plusieurs professeurs universitaires adressaient une lettre au premier ministre Pearson où ils le félicitaient de son courage et de sa volonté de doter le pays d’un drapeau national distinctif :
« Nous nous réjouissons de votre décision de faire adopter un drapeau national distinctif pour le Canada et reconnaissons que vous avez fait preuve de courage en l’occurrence. Nous croyons, comme vous-même, que le drapeau doit favoriser l’unité nationale et qu’il doit avoir un caractère nettement canadien. Cependant, nous protestons, car le drapeau à une seule feuille d’érable ne répond pas à ces normes. Son seul avantage est d’être banal, de s’attirer une approbation mitigée, une légère désapprobation ou indifférence et qu’il peut donc être adopté sans ostentation et sans susciter de sentiments violents [65]. »
Les signataires de la lettre voulaient un drapeau distinctif et nettement canadien pour le Canada, mais sans la feuille d’érable [66]. Le fait qu’ils s’opposaient au « drapeau à une seule feuille d’érable » pourrait laisser penser qu’ils préféraient les trois feuilles plus souvent associées au pays, mais il semble bien qu’ils visaient la feuille d’érable comme symbole végétal. Deux des signataires, Thomas Symons et son frère Scott Symons s’acharnaient particulièrement contre la feuille qu’ils qualifiaient de légume exsangue. Le journaliste André Laurendeau citait Thomas dans son Journal : « L’effet du drapeau sera mauvais. Il va persuader davantage les Canadiens anglais que le pays ne peut rien inventer, sauf des platitudes. [67] » Les frères soutenaient que l’élimination à la fois des symboles britanniques et français ouvrirait la porte à un Canada nouveau, mais unilingue anglais. Ils estimaient que si les Canadiens d’expression anglaise ne respectaient pas leurs propres traditions, ils ne respecteraient certes pas celles des autres [68]. L’idée d’un drapeau ouvrant la porte à un Canada unilingue anglais rejoignait à certains points de vue celle de l’indépendantiste Jean-Guy Labarre qui croyait qu’un drapeau canadien sera « un symbole reconnu et officiel de la centralisation fédérale. [69]»
Les signataires recherchaient un drapeau « nettement canadien ». Dans l’histoire du pays, seulement deux symboles se démarquaient comme ayant une portée nationale : la feuille d’érable et le castor. Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, la popularité du castor s’était estompée dès la première moitié du XXe siècle; on l’avait exclu des armoiries assignées au Canada en 1921 [70]. Le seul symbole canadien dont la popularité avait bravé le temps était la feuille d’érable. Si on l’éliminait, que restait-il ?
La lettre des douze qualifiait la feuille d’érable de banale, de symbole assez insignifiant pour ne pas éveiller de controverse, bien qu’elle figurait dans les armoiries assignées à l’Ontario et au Québec par la reine Victoria en 1868, dans les drapeaux du gouverneur général et des lieutenants-gouverneurs des provinces à partir de 1870, dans les armoiries assignées au Canada en 1921 et sur la bannière personnelle adoptée par la Reine Elizabeth II pour le Canada en 1962. D’autres Canadiens estimaient que la feuille d’érable représentait bien le pays. Parmi les propositions de drapeaux à feuille(s) d’érable qui se sont fait remarquées, signalons deux drapeaux de l’artiste Alexander Young Jackson, membre du Groupe des Sept : 1) un champ bleu flanqué de deux bandes verticales rouges, l’une de chaque côté et, au centre, une feuille d’érable rouge sur un octogone blanc; 2) un drapeau blanc bordé dans le haut et le bas d’un liséré ondulé bleu et portant trois feuilles d’érable rouges jointes au centre [71]. Un autre artiste, Alfred Joseph Casson, aussi membre du Groupe des Sept, soumettait un drapeau bleu meublé de trois feuilles d’érable rouges sur une tige lisérées de blanc [72].
L’affirmation de Thomas Symons à l’effet que le drapeau à une feuille d’érable donnerait l’impression « que le pays ne peut rien inventer, sauf des platitudes » est révélatrice. En se creusant les méninges, un particulier peut trouver des symboles qui semblent éminemment appropriés pour un pays, même s’ils ne sont pas sanctionnés par le temps et l’histoire. Mais les chances de faire accepter ces trouvailles par la population sont minces. Pour le Canada, on a souvent proposé l’étoile polaire, l’aurore boréale, la bernache du Canada et un nombre de dessins géométriques, mais ces propositions n’ont pas reçu l’approbation de la population. Même en ayant recours à des symboles traditionnels, des spécialistes en héraldique réussissent rarement à concevoir un drapeau qui fait l’affaire d’une majorité de la population d’un pays. Le colonel Duguid s’y connaissait en héraldique, mais l’étendard qu’il inventa pour l’armée canadienne vers 1939 (fig. 4) ne connut pas la faveur des troupes. Le fanion de Pearson conçu par Alan Beddoe, un maître de l’art et de la science héraldiques, fut l’objet de plus de critiques que d’éloges (fig. 5).
L’idée que des personnes imaginatives et créatives ou des spécialistes pourraient engendrer des symboles appropriés qui seraient acceptés par la majorité des citoyens dans un pays démocratique est largement illusoire. Dans une démocratie, on n’invente pas de toutes pièces des emblèmes qu’on impose à la population. Un régime totalitaire peut introduire de force des symboles qui reflètent son idéologie, mais ces créations ont tendance à disparaître avec un changement de régime. La fleur de lis ne représente plus la France comme pays. La faucille, le marteau et l’étoile du drapeau de l’Union Soviétique ne se retrouve plus sur le drapeau actuel de la Russie; les mêmes symboles sont disparus du drapeau de l’Arménie; la concoction naïve (couronne de blé, étoile rouge, tour de forage, paysage) qui ornait le centre du drapeau roumain lors de la période communiste s’est éclipsée.
Les symboles les plus forts et les plus durables s’introduisent de façon indiscernable dans la conscience collective. Souvent on leur attribue des origines mystérieuses qui prennent la forme de légendes. Les origines de la croix de Saint-Georges et celle de Saint-André se perdent dans la nuit des temps et l’Union Jack où elles figurent a mis des siècles à se constituer (voir le chapitre précédent). Les origines des couleurs de la France précèdent de loin l’avènement de la Première République. Nombre d’auteurs ont spéculé sans fin sur l’origine de la fleur de lis et la date où elle est devenue le symbole des rois de France. Même sa présence sur le drapeau du Québec s’inspire d’une bannière religieuse assez mystérieuse qui aurait flotté en 1758 à la bataille du fort Carillon (Ticonderoga, New York) où le général Montcalm remportait une éclatante victoire sur les troupes britanniques. En 1902, en s’inspirant de l’ancienne bannière de Carillon, l’abbé Elphège Filiatrault avait conçu un drapeau qui était le même que celui d’aujourd’hui sauf pour l’orientation des fleurs de lis. Le drapeau du Québec est très simple comme le veut la bonne héraldique et il serait facile de s’imaginer qu’un enfant aurait pu le concevoir, mais créer un drapeau et le faire accepter sont deux choses différentes. On a brodé autour de la formule originale de Filiatrault pendant près d’un demi-siècle pour finalement l’accepter en 1948 avec les fleurs de lis à la verticale.
On a souvent pensé que les Canadiens avaient adopté la feuille d’érable en raison de sa place importante dans le coloris d’automne qui émerveille les visiteurs étrangers. Cette hypothèse n’est pas entièrement soutenable. Les trois feuilles d’érable en pointe des armoiries du Québec depuis 1868 sont vertes comme celles dans les armoiries du Canada de 1921 à 1957. Tôt après la confédération, on entourait les armoiries du Canada, souvent des provinces et ensuite des villes d’une guirlande de deux branches d’érable, dont la couleur était presque toujours verte. Les feuilles d’érable dans les armoiries municipales de libre adoption sont presque toujours vertes [73]. Les deux feuilles d’érable dans les armoiries concédées à sir Louis-Hippolyte Lafontaine en 1854 sont vertes comme aussi les trois feuilles figurant dans les armoiries de sir Wilfrid Laurier conçues par Étienne-Eugène Taché en 1904. Sauf de rares exceptions dont les feuilles dorées sur l’écu de l’Ontario de 1868, les feuilles d’érable dans les emblèmes canadiens du XIXe siècle, au moment ou ce symbole pénétrait dans la conscience canadienne, sont vertes et non pas jaunes, rouges ou multicolores et cette tendance se continue au XXe siècle. Ceci jette un sérieux doute sur la notion que les Canadiens ont vu dans la feuille d’érable un symbole typique à cause de son coloris automnal. On a aussi spéculé que la feuille d’érable s’imposait à cause de sa forme. Le contour de la feuille du platane ressemble à s’y méprendre à celui de la feuille d’érable et pourtant elle demeure rare en héraldique. Un autre aspect mystérieux de la feuille d’érable réside dans le fait que francophones et anglophones l’ont adopté à peu près en même temps, au début du XIXe siècle et peut-être un peu avant, mais il demeure impossible de préciser qui le premier l’a choisie, exactement quand et pourquoi [74].
Les frères Symons insistaient sur la nécessité de conserver les symboles britanniques et français. Cette idée n’avait rien d’original, puisque c’était précisément la formule retenue pour les armoiries du pays. Au Canada, on avait d’abord placé sur un seul écu les armoiries de toutes les provinces, ce qui soulevait beaucoup de critiques. Les armoiries assignées au pays en 1921 étaient moins encombrées du fait quelles ne retenaient que les armes de quatre nations fondatrices, mais elles exprimaient toujours la diversité plutôt que l’unité du pays. Dans les années 1960, l’idée des nations fondatrices perdait du terrain et était appelée à être supplantée par autre chose, vu la composition ethnographique du pays (fig. 9) En plus, les macédoines de symboles longtemps caractéristiques de l’héraldique canadiennes ne sont pas recommandables sur le plan de l’esthétique héraldique, particulièrement sur des drapeaux nationaux, ceux-ci étant, en règle générale, relativement simples.
Le 27 mai 1964, date ou les douze envoyaient leur lettre à Pearson le priant de trouver un autre symbole que la feuille d’érable pour le drapeau du pays, le gouvernement ne proposait pas encore de drapeau à une feuille d’érable. Pourquoi s’en prenaient-ils à cet emblème en particulier. George Stanley avait fait une proposition dans ce sens à John Matheson le 23 mars de la même année. Il est presque assuré qu’ils avaient eu vent de cette proposition et s’y opposaient comme étant insipide. Ils croyaient que la feuille d’érable étant banale pouvait faire l’affaire des Canadiens et recevoir leur approbation sans trop de controverse. Cette observation allait se révéler remarquablement prophétique, mais elle reflétait aussi un énorme mépris pour le discernement des Canadiens en présumant qu’ils allaient se contenter d’un emblème que les douze signataires jugeaient médiocre.
Le 27 mai 1964, douze Canadiens, dont plusieurs professeurs universitaires adressaient une lettre au premier ministre Pearson où ils le félicitaient de son courage et de sa volonté de doter le pays d’un drapeau national distinctif :
« Nous nous réjouissons de votre décision de faire adopter un drapeau national distinctif pour le Canada et reconnaissons que vous avez fait preuve de courage en l’occurrence. Nous croyons, comme vous-même, que le drapeau doit favoriser l’unité nationale et qu’il doit avoir un caractère nettement canadien. Cependant, nous protestons, car le drapeau à une seule feuille d’érable ne répond pas à ces normes. Son seul avantage est d’être banal, de s’attirer une approbation mitigée, une légère désapprobation ou indifférence et qu’il peut donc être adopté sans ostentation et sans susciter de sentiments violents [65]. »
Les signataires de la lettre voulaient un drapeau distinctif et nettement canadien pour le Canada, mais sans la feuille d’érable [66]. Le fait qu’ils s’opposaient au « drapeau à une seule feuille d’érable » pourrait laisser penser qu’ils préféraient les trois feuilles plus souvent associées au pays, mais il semble bien qu’ils visaient la feuille d’érable comme symbole végétal. Deux des signataires, Thomas Symons et son frère Scott Symons s’acharnaient particulièrement contre la feuille qu’ils qualifiaient de légume exsangue. Le journaliste André Laurendeau citait Thomas dans son Journal : « L’effet du drapeau sera mauvais. Il va persuader davantage les Canadiens anglais que le pays ne peut rien inventer, sauf des platitudes. [67] » Les frères soutenaient que l’élimination à la fois des symboles britanniques et français ouvrirait la porte à un Canada nouveau, mais unilingue anglais. Ils estimaient que si les Canadiens d’expression anglaise ne respectaient pas leurs propres traditions, ils ne respecteraient certes pas celles des autres [68]. L’idée d’un drapeau ouvrant la porte à un Canada unilingue anglais rejoignait à certains points de vue celle de l’indépendantiste Jean-Guy Labarre qui croyait qu’un drapeau canadien sera « un symbole reconnu et officiel de la centralisation fédérale. [69]»
Les signataires recherchaient un drapeau « nettement canadien ». Dans l’histoire du pays, seulement deux symboles se démarquaient comme ayant une portée nationale : la feuille d’érable et le castor. Comme nous l’avons vu au chapitre précédent, la popularité du castor s’était estompée dès la première moitié du XXe siècle; on l’avait exclu des armoiries assignées au Canada en 1921 [70]. Le seul symbole canadien dont la popularité avait bravé le temps était la feuille d’érable. Si on l’éliminait, que restait-il ?
La lettre des douze qualifiait la feuille d’érable de banale, de symbole assez insignifiant pour ne pas éveiller de controverse, bien qu’elle figurait dans les armoiries assignées à l’Ontario et au Québec par la reine Victoria en 1868, dans les drapeaux du gouverneur général et des lieutenants-gouverneurs des provinces à partir de 1870, dans les armoiries assignées au Canada en 1921 et sur la bannière personnelle adoptée par la Reine Elizabeth II pour le Canada en 1962. D’autres Canadiens estimaient que la feuille d’érable représentait bien le pays. Parmi les propositions de drapeaux à feuille(s) d’érable qui se sont fait remarquées, signalons deux drapeaux de l’artiste Alexander Young Jackson, membre du Groupe des Sept : 1) un champ bleu flanqué de deux bandes verticales rouges, l’une de chaque côté et, au centre, une feuille d’érable rouge sur un octogone blanc; 2) un drapeau blanc bordé dans le haut et le bas d’un liséré ondulé bleu et portant trois feuilles d’érable rouges jointes au centre [71]. Un autre artiste, Alfred Joseph Casson, aussi membre du Groupe des Sept, soumettait un drapeau bleu meublé de trois feuilles d’érable rouges sur une tige lisérées de blanc [72].
L’affirmation de Thomas Symons à l’effet que le drapeau à une feuille d’érable donnerait l’impression « que le pays ne peut rien inventer, sauf des platitudes » est révélatrice. En se creusant les méninges, un particulier peut trouver des symboles qui semblent éminemment appropriés pour un pays, même s’ils ne sont pas sanctionnés par le temps et l’histoire. Mais les chances de faire accepter ces trouvailles par la population sont minces. Pour le Canada, on a souvent proposé l’étoile polaire, l’aurore boréale, la bernache du Canada et un nombre de dessins géométriques, mais ces propositions n’ont pas reçu l’approbation de la population. Même en ayant recours à des symboles traditionnels, des spécialistes en héraldique réussissent rarement à concevoir un drapeau qui fait l’affaire d’une majorité de la population d’un pays. Le colonel Duguid s’y connaissait en héraldique, mais l’étendard qu’il inventa pour l’armée canadienne vers 1939 (fig. 4) ne connut pas la faveur des troupes. Le fanion de Pearson conçu par Alan Beddoe, un maître de l’art et de la science héraldiques, fut l’objet de plus de critiques que d’éloges (fig. 5).
L’idée que des personnes imaginatives et créatives ou des spécialistes pourraient engendrer des symboles appropriés qui seraient acceptés par la majorité des citoyens dans un pays démocratique est largement illusoire. Dans une démocratie, on n’invente pas de toutes pièces des emblèmes qu’on impose à la population. Un régime totalitaire peut introduire de force des symboles qui reflètent son idéologie, mais ces créations ont tendance à disparaître avec un changement de régime. La fleur de lis ne représente plus la France comme pays. La faucille, le marteau et l’étoile du drapeau de l’Union Soviétique ne se retrouve plus sur le drapeau actuel de la Russie; les mêmes symboles sont disparus du drapeau de l’Arménie; la concoction naïve (couronne de blé, étoile rouge, tour de forage, paysage) qui ornait le centre du drapeau roumain lors de la période communiste s’est éclipsée.
Les symboles les plus forts et les plus durables s’introduisent de façon indiscernable dans la conscience collective. Souvent on leur attribue des origines mystérieuses qui prennent la forme de légendes. Les origines de la croix de Saint-Georges et celle de Saint-André se perdent dans la nuit des temps et l’Union Jack où elles figurent a mis des siècles à se constituer (voir le chapitre précédent). Les origines des couleurs de la France précèdent de loin l’avènement de la Première République. Nombre d’auteurs ont spéculé sans fin sur l’origine de la fleur de lis et la date où elle est devenue le symbole des rois de France. Même sa présence sur le drapeau du Québec s’inspire d’une bannière religieuse assez mystérieuse qui aurait flotté en 1758 à la bataille du fort Carillon (Ticonderoga, New York) où le général Montcalm remportait une éclatante victoire sur les troupes britanniques. En 1902, en s’inspirant de l’ancienne bannière de Carillon, l’abbé Elphège Filiatrault avait conçu un drapeau qui était le même que celui d’aujourd’hui sauf pour l’orientation des fleurs de lis. Le drapeau du Québec est très simple comme le veut la bonne héraldique et il serait facile de s’imaginer qu’un enfant aurait pu le concevoir, mais créer un drapeau et le faire accepter sont deux choses différentes. On a brodé autour de la formule originale de Filiatrault pendant près d’un demi-siècle pour finalement l’accepter en 1948 avec les fleurs de lis à la verticale.
On a souvent pensé que les Canadiens avaient adopté la feuille d’érable en raison de sa place importante dans le coloris d’automne qui émerveille les visiteurs étrangers. Cette hypothèse n’est pas entièrement soutenable. Les trois feuilles d’érable en pointe des armoiries du Québec depuis 1868 sont vertes comme celles dans les armoiries du Canada de 1921 à 1957. Tôt après la confédération, on entourait les armoiries du Canada, souvent des provinces et ensuite des villes d’une guirlande de deux branches d’érable, dont la couleur était presque toujours verte. Les feuilles d’érable dans les armoiries municipales de libre adoption sont presque toujours vertes [73]. Les deux feuilles d’érable dans les armoiries concédées à sir Louis-Hippolyte Lafontaine en 1854 sont vertes comme aussi les trois feuilles figurant dans les armoiries de sir Wilfrid Laurier conçues par Étienne-Eugène Taché en 1904. Sauf de rares exceptions dont les feuilles dorées sur l’écu de l’Ontario de 1868, les feuilles d’érable dans les emblèmes canadiens du XIXe siècle, au moment ou ce symbole pénétrait dans la conscience canadienne, sont vertes et non pas jaunes, rouges ou multicolores et cette tendance se continue au XXe siècle. Ceci jette un sérieux doute sur la notion que les Canadiens ont vu dans la feuille d’érable un symbole typique à cause de son coloris automnal. On a aussi spéculé que la feuille d’érable s’imposait à cause de sa forme. Le contour de la feuille du platane ressemble à s’y méprendre à celui de la feuille d’érable et pourtant elle demeure rare en héraldique. Un autre aspect mystérieux de la feuille d’érable réside dans le fait que francophones et anglophones l’ont adopté à peu près en même temps, au début du XIXe siècle et peut-être un peu avant, mais il demeure impossible de préciser qui le premier l’a choisie, exactement quand et pourquoi [74].
Les frères Symons insistaient sur la nécessité de conserver les symboles britanniques et français. Cette idée n’avait rien d’original, puisque c’était précisément la formule retenue pour les armoiries du pays. Au Canada, on avait d’abord placé sur un seul écu les armoiries de toutes les provinces, ce qui soulevait beaucoup de critiques. Les armoiries assignées au pays en 1921 étaient moins encombrées du fait quelles ne retenaient que les armes de quatre nations fondatrices, mais elles exprimaient toujours la diversité plutôt que l’unité du pays. Dans les années 1960, l’idée des nations fondatrices perdait du terrain et était appelée à être supplantée par autre chose, vu la composition ethnographique du pays (fig. 9) En plus, les macédoines de symboles longtemps caractéristiques de l’héraldique canadiennes ne sont pas recommandables sur le plan de l’esthétique héraldique, particulièrement sur des drapeaux nationaux, ceux-ci étant, en règle générale, relativement simples.
Le 27 mai 1964, date ou les douze envoyaient leur lettre à Pearson le priant de trouver un autre symbole que la feuille d’érable pour le drapeau du pays, le gouvernement ne proposait pas encore de drapeau à une feuille d’érable. Pourquoi s’en prenaient-ils à cet emblème en particulier. George Stanley avait fait une proposition dans ce sens à John Matheson le 23 mars de la même année. Il est presque assuré qu’ils avaient eu vent de cette proposition et s’y opposaient comme étant insipide. Ils croyaient que la feuille d’érable étant banale pouvait faire l’affaire des Canadiens et recevoir leur approbation sans trop de controverse. Cette observation allait se révéler remarquablement prophétique, mais elle reflétait aussi un énorme mépris pour le discernement des Canadiens en présumant qu’ils allaient se contenter d’un emblème que les douze signataires jugeaient médiocre.
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L’historien Stanley, qui possédait un sens affiné de l’héraldique sans être expert en la matière, concevait son drapeau en reprenant des couleurs propres aussi bien à l’ancienne France qu’à l’Angleterre et en y intégrant la feuille d’érable, le seul symbole à jouir de la faveur générale des Canadiens depuis plus d’un siècle (voir Appendice I). Ce qu’il proposait contenait tous les éléments du drapeau d’aujourd’hui, mais les proportions n’étaient pas les mêmes et, comme il le disait lui-même, il restait à styliser la feuille d’érable. Surtout il fallait le faire accepter, car il était loin de faire l’unanimité lorsque présenté aux Canadiens et ce processus crucial allait s’avérer laborieux.
L’idée qu’un drapeau distinctif s’imposait pour préserver l’unité nationale se retrouvait surtout, sinon exclusivement, chez des protagonistes anglophones et le gros des débats avait lieu entre anglophones. Par contre, sans la notion prédominante qu’un nouveau drapeau s’imposait pour assurer la cohésion du pays, il y avait de fortes chances pour que le Red Ensign demeurât l’emblème national, même si, comme l’a fait remarquer le colonel Duguid, ce drapeau issu de la période coloniale constituait un diminutif de l’Union Jack que diminuait encore davantage l’ajout d’un insigne sur le battant. Si l’unifolié canadien est généralement accepté aujourd’hui, c’est qu’il arbore le symbole qui a connu le plus de faveur populaire comme emblème du pays et que ce symbole avait pénétré la conscience collective plus d’un siècle auparavant.
L’idée qu’un drapeau distinctif s’imposait pour préserver l’unité nationale se retrouvait surtout, sinon exclusivement, chez des protagonistes anglophones et le gros des débats avait lieu entre anglophones. Par contre, sans la notion prédominante qu’un nouveau drapeau s’imposait pour assurer la cohésion du pays, il y avait de fortes chances pour que le Red Ensign demeurât l’emblème national, même si, comme l’a fait remarquer le colonel Duguid, ce drapeau issu de la période coloniale constituait un diminutif de l’Union Jack que diminuait encore davantage l’ajout d’un insigne sur le battant. Si l’unifolié canadien est généralement accepté aujourd’hui, c’est qu’il arbore le symbole qui a connu le plus de faveur populaire comme emblème du pays et que ce symbole avait pénétré la conscience collective plus d’un siècle auparavant.
Notes
Tous les sites internet ont été visités le 17 juin 2020.
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[1] John Ross MATHESON, Canada’s Flag: a Search for a Country, Belleville (Ontario), Mika Publishing Company, 1986, p. 138-140.
[2] Débats de la Chambre des communes, 26e législature, 2e session, vol. 4 (4516), 15 juin 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_04/970?r=0&s (image 970).
[3] Débats …, 26e législature, 2e session, vol 7 (7981), 9 septembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_07/1043?r=0&s=1 (image 1043).
[4] Voir les commentaires de Robert Coates, député du comté de Cumberland, Nouvelle-Écosse, Débats…, 26e législature, 2e session, vol. 10 (10935), 1 décembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/503?r=0&s=2 (image 503) et Richard Elmer Forbes, député de Dauphin, Manitoba, 26e législature, 2e session, vol. 10 (11165), 9 décembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/733?r=0&s=1 (image 733).
[5] Voir le chapitre 2.
[6] Notamment Diefenbaker. Débats de la Chambre des communes, 26e législature, 2e session, vol 10 (11183-11184, 10 décembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/751?r=0&s=1 (images 751-752).
[7] Voir la lettre de George Stanley à John Matheson p. 1, section 1 : http://people.stfx.ca/lstanley/stanley/flagmemo2.htm. Traduction française, Appendice I.
[8] En anglais « You’re selling us out to the pea-soupers »: Rick ARCHBOLD, I Stand for Canada: the Story of the Maple Leaf Flag, Toronto, Macfarlane Walter & Ross, 2002, p. 3. Selon un autre auteur « You’re selling Canada to the pea-soupers! »: Peter C. NEWMAN, The Distemper of our Times: Canadian Politics in Transition, Toronto, McClelland & Stewart, 1990, p. 360.
[9] John Ross MATHESON, op. cit., p. 89.
[10] Ibid., p. 144.
[11] José E. IGARTUA, The Other Quiet Revolution: National Identities in English Canada, 1945-71, Vancouver, University of British Columbia Press, 2006, p. 192.
[12] Percy Verner Noble (Grey-Nord), Débats de la Chambre des communes, 26e législature, 2e session, vol. 6 (6921), 12 août 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_06/1135?r=0&s=1 (image1135).
[13] Terry Nugent (Edmonton-Strathcona), Débats…, 26e législature, 2e session, vol. 6 (6927), 12 août 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_06/1141?r=0&s=3 (image 1141).
[14] Débats …, 26e législature, 2e session, vol. 4 (4607), 17 juin 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_04/1061?r=0&s=3 (image 1061).
[15] Débats …, 26e législature, 2e session, vol 10 (1124), 11 décembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/792?r=0&s=3 (image 792).
[16] En anglais « I’m going to push through a flag. Got to do this to make Quebec happy. » C.P. CHAMPION, The Strange Demise of British Canada: the Liberals and Canadian Nationalism, 1964-1968, McGill-Queen`s University Press, 2010, p. 170.
[17] Mathieu FRAPPIER, Identité canadienne et symboles nationaux dans les années 1960, Mémoire présenté à l’Université du Québec à Trois-Rivières, décembre 2015, p. 90-91 et note 92 : http://depot-e.uqtr.ca/7763/1/031167600.pdf. Il cite H. L. DINNING, « The Red Ensign », The Montreal Gazette, 11 janvier 1963, p. 8.
[18] Ibid., p. 93 et note 98. Il cite Walter HENDERSON, « Let Us Retire the Union Jack », The Montreal Gazette, 22 mai 1964, p. 6.
[19] MATHESON, op. cit., p. 94.
[20] En anglais « It was the French who wanted it, and they’ve got it. » ibid., p. 180.
[21] MATHESON, op. cit. Un échantillon des lettres adressées à Pearson se trouve aux pages 188 à 218. Celles qui l’accusent de traitre envers le pays pour plaire aux Québécois se retrouvent aux pages 190-191, 194-195, 196-197, 200-207.
[22] José E. IGARTUA, op. cit., p. 188-189.
[23] Débats de la Chambre des communes, 26e législature, 2e session, vol. 4 (4516), 15 juin 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_04/970?r=0&s=2 (image 970).
[24] Diefenbaker – Débats…, 26e législature, 2e session, vol 10 (11183-11184), 10 décembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/751?r=0&s=1 (images 751-752).
[25] Voir C.P. CHAMPION, op. cit., p. 165-196.
[26] Robert Merrill BLACK, « Gleaned Here and There » dans Heraldry in Canada / L’Héraldique au Canada, vol. 24, no 4 (déc. 1990), p. 24.
[27] Herbert George TODD, Armory and Lineages of Canada, Yonkers, NewYork., 1919, planche I et légendes qui suivent [p. 124].
[28] Victor MORIN, Traité d’art héraldique, Montréal, Librairie Beauchemin, 1919, p 179-180.
[29] Il estime que le Canada jouit de « l’autonomie la plus complète qu’un pays puisse désirer » et d’un « régime constitutionnel « le plus libéral, le plus démocratique et le plus respectueux des droits de l’homme qu’on puisse trouver » et que, pour cette raison, l’Union Jack devrait avoir une « place d’honneur » dans un drapeau canadien. Victor MORIN, « Pour un drapeau », dans Les cahiers des dix, Montréal, 1939, no 4, p. 53-54.
[30] Édouard BLONDEL, La Presse, 10 avril 1920, p. 1 et sq. et Herbert George TODD, op. cit., planche I et les légendes qui suivent [p. 124].
[31] Les membres du comité étaient : Arthur George Doughty, archiviste fédéral qui parlait couramment français, Pierre-Georges Roy, archiviste de la province de Québec, Édouard-Zotique Massicotte, directeur du Service des archives judiciaires du district de Montréal, Samuel Mathewson Baylis, vice-président de la Société d'archéologie et de numismatique de Montréal, et Victor Morin, membre de la Société royale du Canada et président de la Société historique de Montréal.
[32] John Ross MATHESON, op. cit., p. 62.
[33] A.G. DOUGHTY, « Le drapeau de la Nouvelle-France » dans Mémoires et comptes rendus de la Société Royale du Canada, 3e sér., vol. 20, mai 1926, p. 46. Voir aussi : http://heraldicscienceheraldique.com/banniegravere-de-france-et-pavillon-blanc-en-nouvelle-france.html.
[34] http://reg.gg.ca/heraldry/pub-reg/project-pic.asp?lang=e&ProjectID=1261&ProjectElementID=4787.
[35] http://reg.gg.ca/heraldry/pub-reg/project-pic.asp?lang=f&ProjectID=1263&ProjectElementID=6427.
[36] http://reg.gg.ca/heraldry/pub-reg/project.asp?lang=e&ProjectID=1265&ShowAll=1.
[37] Jean-Guy LABARRE, Non au Drapeau canadien, Montréal, Éditions Actualité, 1962, p. 128 et John Ross MATHESON, op.cit., p. 56-57.
[38] John Ross MATHESON, op.cit., p. 56; Rick ARCHBOLD, op. cit., p. 92.
[39] Eugène ACHARD, L’histoire du Drapeau canadien, Montréal, Librairie générale canadienne, 1944, p. 44-45.
[40] Débats de la Chambre des communes, 20e législature, 2e session, vol 1 (159), 21 mars 1946, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2002_01/160?r=0&s=3 (image 160). Les opinions de Wilfrid Lacroix, député de Montmorency-Québec et Maurice Gingues, député de Sherbrooke, vont dans le même sens, voir John Ross MATHESON, op.cit., p. 55-58.
[41] Débats de la Chambre des communes, 20e législature, 2e session, vol 4 (3614),
18 juillet 1946, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2002_04/196?r=0&s=1 (image 196). L’allusion du député Gagnon au Red Ensign vise le Red Ensign avec une feuille d’érable dorée lisérée de blanc sur le battant. Voir John Ross MATHESON, op.cit., p. 63.
[42] Jacques ARCHAMBAULT et Eugénie LÉVESQUE, Le drapeau québécois, Éditeur officiel du Québec, 1974, p. 22-23.
[43] Débats de la Chambre des communes, 26e législature, 2e session, vol. 7 (7490), 26 août 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_07/552?r=0&s=1 (image 552).
[44] Débats …, 1er décembre 1964, 26e législature, 2e session, vol. 10 (10919), http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/487?r=0&s= (image 487). Voir aussi : Marcel Lessard (Lac-Saint-Jean), 26e législature, 2e session, vol. 10 (10883), 30 novembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/450?r=0&s=2 (image 451); 30 novembre 1964; Henri Latulippe (Compton-Frontenac), 26e législature, 2e session, vol. 10 (10877 et 10899), http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/465?r=0&s=1 (images 465 et 467).
[45] C.P. CHAMPION, op.cit., p. 180.
[46] Peter C. NEWMAN, op. cit., p. 361.
[47] C.P. CHAMPION, op.cit., p. 187.
[48] Après l’adoption de l’unifolié par le Canada, les dessins et peintures des drapeaux proposés furent confié aux Archives publiques du Canada (Maintenant Bibliothèque et Archives Canada). La direction avait décidé de détruire cette documentation jugée périmée, mais après l’intervention des directeurs de la Division de l’iconographie, on me permit de choisir un échantillon qui se voulait représentatif, peut-être une centaine de pièces. Finalement la Division des manuscrits décida de préserver tous les dossiers de correspondance qui formait un bloc énorme. Cette documentation permettrait aujourd’hui d’établir combien de propositions provenaient du Québec ou d’organismes francophones à travers le Canada. Il s’agirait d’un travail de longue haleine qui fournirait des données importantes et probablement surprenantes.
[49] Mathieu FRAPPIER, op. cit.
[50] Reste à savoir si, de façon générale, la pratique de faire parvenir des lettres à l’éditeur n’était pas plus répandue chez les anglophones que les francophones.
[51] Prospère Boulanger, député de Mercier, s’étonnait et se réjouissait de voir ces compatriotes anglais, connus pour leur flegme, sortir de leurs gonds, car ceci démontrait qu’ils croyaient en leur cause. John Ross MATHESON, op. cit., p. 94.
[52] Alistair B. FRASER, « A Canadian Flag for Canada » chapitre V de The Flags of Canada : http://www.fraser.cc/FlagsCan/Nation/CanFlag.html#n48 : « It catered to the biases of many people to believe that the division between the imperial loyalty and the national loyalty ran down the middle of the Ottawa River. Actually, the division did not lie as much between the French and English cultures as it did between the English-Canadian nationalists and English-Canadian imperialists. Although Francophone nationalists were active in the controversy all along, they recognized that no significant progress could be made until the Anglophones got their act together. » Peter NEWMAN exprime la même opinion dans op. cit., p. 361.
[53] http://www.heraldicscienceheraldique.com/arms-and-devices-of-provinces-and-territories.html, fig. 8, 10-11 et Auguste VACHON, « La céramique armoriée d’importation, reflet du nationalisme canadien (1887-1921) » dans Genealogica & Heraldica : Actes du 22e congrès international des sciences généalogique et héraldique à Ottawa 18-23août 1996, Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, 1998, p. 483-504.
[54] http://www.heraldicscienceheraldique.com/arms-and-devices-of-provinces-and-territories.html, fig. 47.
[55] http://heraldicscienceheraldique.com/royalty-mingling-with-beavers-and-maple-leaves.html.
[56] http://www.heraldicscienceheraldique.com/arms-and-devices-of-provinces-and-territories.html : figures 56-57.
[57] http://heraldicscienceheraldique.com/ldquothe-maple-leaf-foreverrdquo-a-song-and-a-slogan--the-maple-leaf-forever--une-chanson-et-un-slogan.html et http://heraldicscienceheraldique.com/land-of-the-maple.html.
[58] Eric A. Winkler (Grey-Bruce), Débats de la Chambre des communes, 26e législature, 2e session, vol. 6 (6916-6917), 12 août 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_06/1130?r=0&s=3 (images 1130-1131).
[59] Winkler, Débats ..., (6914-6915), http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_06/1128?r=0&s=3, (images 1128-1129); Percy Verner Noble (Grey-Nord), Débats…, 26e législature, 2e session, vol. 6 (6920), 12 août1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_06/1134?r=0&s=1 (image 1134). Noble cite une lettre reçue d’un chef amérindien qui dit : « Nous avons appris à respecter notre allégeance à la couronne britannique. » Thomas Bell (Saint-Jean-Albert), Débats …, 26e législature, 2e session, vol. 7 (7434-7435), 26 août1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_07/556?r=0&s=2 (images 556-557). Bell cite le Chronicle Herald qui rapporte que Jean Lesage, premier ministre du Québec, aurait dit à Londres en 1963 : « les Canadiens français, dans l’ensemble, considéraient Londres et la Couronne comme leur grand protecteur. … Le Canadien français est royaliste. Ne l’oubliez pas. »
[60] John Ross MATHESON, op. cit., p. 120-122, 224-225.
[61] Lester B. Pearson Débats de la Chambre des communes, 26e législature, 2e session, vol. 10 (11219), 11 décembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/787?r=0&s=1 (image 787).
[62] Alan B. BEDDOE, « The Historical and Constitutional Position of Heraldry in Canada » dans Heraldry in Canada / L’Héraldique au Canada, vol. 3, no 1 (mars 1969), p. 7. Il exprime la même idée dans son ouvrage Beddoe’s Canadian Heraldry, Belleville, Mika Publishing [Ontario], 1981, p. 22.
[63] John Ross MATHESON, op. cit., p. 110.
[64] https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2016/as-sa/98-200-x/2016016/98-200-x2016016-fra.cfm.
[65] Débats de la Chambre des communes, 26e législature, 2e session, vol 10 (11214-11215), 10 décembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/782?r=0&s=3 (images 782-783).
[66] Signataires : 1) Donald G. Creighton, professeur d’histoire à l’Université de Toronto; 2) Eugene Forsey, directeur des recherches au Congrès du travail du Canada à Ottawa; 3) Mme H.A. Doyle d’Edmonton; 4) William L. Morton, professeur d’histoire au University College, Université du Manitoba; 5) Thomas H.B. Symons, président et vice-chancelier, Université de Trent, Peterborough; 6) Jean Palardy, auteur, directeur de films, Montréal; 7) Denis Smith, président adjoint et professeur adjoint des sciences politiques à l’Université de Trent, Peterborough; 8) David M. Harley, avocat et conseiller juridique, Toronto; 9) Eric McLean, critique musical, Montréal; 10) Walter Pitman, chef du département d’histoire, Kenner Collegiate, Peterborough; 11) le docteur MacGregor Parsons, Red Deer, Alberta; 12) Scott Bull Symons, romancier et conservateur des collections canadiennes au Musée royal de l’Ontario.
[67] C.P. CHAMPION, op. cit., p. 178.
[68] Ibid., p. 177-178.
[69] Jean-Guy LABARRE, Non au Drapeau canadien, Montréal, Éditions actualité, 1962, p. 125.
[70] Auguste VACHON, « Why Was the Beaver Left Out of Canada’s Coat of Arms? » : http://www.heraldicscienceheraldique.com/why-was-the-beaver-left-out-of-canadarsquos-coat-of-arms.html.
[71] Rick ARCHBOLD, op. cit., p. 77.
[72] John Ross MATHESON, op. cit., planches après p. 136.
[73] Howard M. CHAPIN, « Canadian Municipal Arms » dans The Canadian Historical Review, vol. 18, no 3 (sept. 1937); Ian L. CAMPBELL et Marion I. CAMPBELL, The Identifying Symbols of Canadian Institutions, part III, The Identifying Symbols of Canadian Municipalities, Canadian Heraldry Associates, 1990, 2 vol.
[74] https://heraldicscienceheraldique.com/les-origines-du-castor-et-de-la-feuille-drsquoeacuterable-comme-emblegravemes-canadiens.html.
[2] Débats de la Chambre des communes, 26e législature, 2e session, vol. 4 (4516), 15 juin 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_04/970?r=0&s (image 970).
[3] Débats …, 26e législature, 2e session, vol 7 (7981), 9 septembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_07/1043?r=0&s=1 (image 1043).
[4] Voir les commentaires de Robert Coates, député du comté de Cumberland, Nouvelle-Écosse, Débats…, 26e législature, 2e session, vol. 10 (10935), 1 décembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/503?r=0&s=2 (image 503) et Richard Elmer Forbes, député de Dauphin, Manitoba, 26e législature, 2e session, vol. 10 (11165), 9 décembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/733?r=0&s=1 (image 733).
[5] Voir le chapitre 2.
[6] Notamment Diefenbaker. Débats de la Chambre des communes, 26e législature, 2e session, vol 10 (11183-11184, 10 décembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/751?r=0&s=1 (images 751-752).
[7] Voir la lettre de George Stanley à John Matheson p. 1, section 1 : http://people.stfx.ca/lstanley/stanley/flagmemo2.htm. Traduction française, Appendice I.
[8] En anglais « You’re selling us out to the pea-soupers »: Rick ARCHBOLD, I Stand for Canada: the Story of the Maple Leaf Flag, Toronto, Macfarlane Walter & Ross, 2002, p. 3. Selon un autre auteur « You’re selling Canada to the pea-soupers! »: Peter C. NEWMAN, The Distemper of our Times: Canadian Politics in Transition, Toronto, McClelland & Stewart, 1990, p. 360.
[9] John Ross MATHESON, op. cit., p. 89.
[10] Ibid., p. 144.
[11] José E. IGARTUA, The Other Quiet Revolution: National Identities in English Canada, 1945-71, Vancouver, University of British Columbia Press, 2006, p. 192.
[12] Percy Verner Noble (Grey-Nord), Débats de la Chambre des communes, 26e législature, 2e session, vol. 6 (6921), 12 août 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_06/1135?r=0&s=1 (image1135).
[13] Terry Nugent (Edmonton-Strathcona), Débats…, 26e législature, 2e session, vol. 6 (6927), 12 août 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_06/1141?r=0&s=3 (image 1141).
[14] Débats …, 26e législature, 2e session, vol. 4 (4607), 17 juin 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_04/1061?r=0&s=3 (image 1061).
[15] Débats …, 26e législature, 2e session, vol 10 (1124), 11 décembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/792?r=0&s=3 (image 792).
[16] En anglais « I’m going to push through a flag. Got to do this to make Quebec happy. » C.P. CHAMPION, The Strange Demise of British Canada: the Liberals and Canadian Nationalism, 1964-1968, McGill-Queen`s University Press, 2010, p. 170.
[17] Mathieu FRAPPIER, Identité canadienne et symboles nationaux dans les années 1960, Mémoire présenté à l’Université du Québec à Trois-Rivières, décembre 2015, p. 90-91 et note 92 : http://depot-e.uqtr.ca/7763/1/031167600.pdf. Il cite H. L. DINNING, « The Red Ensign », The Montreal Gazette, 11 janvier 1963, p. 8.
[18] Ibid., p. 93 et note 98. Il cite Walter HENDERSON, « Let Us Retire the Union Jack », The Montreal Gazette, 22 mai 1964, p. 6.
[19] MATHESON, op. cit., p. 94.
[20] En anglais « It was the French who wanted it, and they’ve got it. » ibid., p. 180.
[21] MATHESON, op. cit. Un échantillon des lettres adressées à Pearson se trouve aux pages 188 à 218. Celles qui l’accusent de traitre envers le pays pour plaire aux Québécois se retrouvent aux pages 190-191, 194-195, 196-197, 200-207.
[22] José E. IGARTUA, op. cit., p. 188-189.
[23] Débats de la Chambre des communes, 26e législature, 2e session, vol. 4 (4516), 15 juin 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_04/970?r=0&s=2 (image 970).
[24] Diefenbaker – Débats…, 26e législature, 2e session, vol 10 (11183-11184), 10 décembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/751?r=0&s=1 (images 751-752).
[25] Voir C.P. CHAMPION, op. cit., p. 165-196.
[26] Robert Merrill BLACK, « Gleaned Here and There » dans Heraldry in Canada / L’Héraldique au Canada, vol. 24, no 4 (déc. 1990), p. 24.
[27] Herbert George TODD, Armory and Lineages of Canada, Yonkers, NewYork., 1919, planche I et légendes qui suivent [p. 124].
[28] Victor MORIN, Traité d’art héraldique, Montréal, Librairie Beauchemin, 1919, p 179-180.
[29] Il estime que le Canada jouit de « l’autonomie la plus complète qu’un pays puisse désirer » et d’un « régime constitutionnel « le plus libéral, le plus démocratique et le plus respectueux des droits de l’homme qu’on puisse trouver » et que, pour cette raison, l’Union Jack devrait avoir une « place d’honneur » dans un drapeau canadien. Victor MORIN, « Pour un drapeau », dans Les cahiers des dix, Montréal, 1939, no 4, p. 53-54.
[30] Édouard BLONDEL, La Presse, 10 avril 1920, p. 1 et sq. et Herbert George TODD, op. cit., planche I et les légendes qui suivent [p. 124].
[31] Les membres du comité étaient : Arthur George Doughty, archiviste fédéral qui parlait couramment français, Pierre-Georges Roy, archiviste de la province de Québec, Édouard-Zotique Massicotte, directeur du Service des archives judiciaires du district de Montréal, Samuel Mathewson Baylis, vice-président de la Société d'archéologie et de numismatique de Montréal, et Victor Morin, membre de la Société royale du Canada et président de la Société historique de Montréal.
[32] John Ross MATHESON, op. cit., p. 62.
[33] A.G. DOUGHTY, « Le drapeau de la Nouvelle-France » dans Mémoires et comptes rendus de la Société Royale du Canada, 3e sér., vol. 20, mai 1926, p. 46. Voir aussi : http://heraldicscienceheraldique.com/banniegravere-de-france-et-pavillon-blanc-en-nouvelle-france.html.
[34] http://reg.gg.ca/heraldry/pub-reg/project-pic.asp?lang=e&ProjectID=1261&ProjectElementID=4787.
[35] http://reg.gg.ca/heraldry/pub-reg/project-pic.asp?lang=f&ProjectID=1263&ProjectElementID=6427.
[36] http://reg.gg.ca/heraldry/pub-reg/project.asp?lang=e&ProjectID=1265&ShowAll=1.
[37] Jean-Guy LABARRE, Non au Drapeau canadien, Montréal, Éditions Actualité, 1962, p. 128 et John Ross MATHESON, op.cit., p. 56-57.
[38] John Ross MATHESON, op.cit., p. 56; Rick ARCHBOLD, op. cit., p. 92.
[39] Eugène ACHARD, L’histoire du Drapeau canadien, Montréal, Librairie générale canadienne, 1944, p. 44-45.
[40] Débats de la Chambre des communes, 20e législature, 2e session, vol 1 (159), 21 mars 1946, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2002_01/160?r=0&s=3 (image 160). Les opinions de Wilfrid Lacroix, député de Montmorency-Québec et Maurice Gingues, député de Sherbrooke, vont dans le même sens, voir John Ross MATHESON, op.cit., p. 55-58.
[41] Débats de la Chambre des communes, 20e législature, 2e session, vol 4 (3614),
18 juillet 1946, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2002_04/196?r=0&s=1 (image 196). L’allusion du député Gagnon au Red Ensign vise le Red Ensign avec une feuille d’érable dorée lisérée de blanc sur le battant. Voir John Ross MATHESON, op.cit., p. 63.
[42] Jacques ARCHAMBAULT et Eugénie LÉVESQUE, Le drapeau québécois, Éditeur officiel du Québec, 1974, p. 22-23.
[43] Débats de la Chambre des communes, 26e législature, 2e session, vol. 7 (7490), 26 août 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_07/552?r=0&s=1 (image 552).
[44] Débats …, 1er décembre 1964, 26e législature, 2e session, vol. 10 (10919), http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/487?r=0&s= (image 487). Voir aussi : Marcel Lessard (Lac-Saint-Jean), 26e législature, 2e session, vol. 10 (10883), 30 novembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/450?r=0&s=2 (image 451); 30 novembre 1964; Henri Latulippe (Compton-Frontenac), 26e législature, 2e session, vol. 10 (10877 et 10899), http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/465?r=0&s=1 (images 465 et 467).
[45] C.P. CHAMPION, op.cit., p. 180.
[46] Peter C. NEWMAN, op. cit., p. 361.
[47] C.P. CHAMPION, op.cit., p. 187.
[48] Après l’adoption de l’unifolié par le Canada, les dessins et peintures des drapeaux proposés furent confié aux Archives publiques du Canada (Maintenant Bibliothèque et Archives Canada). La direction avait décidé de détruire cette documentation jugée périmée, mais après l’intervention des directeurs de la Division de l’iconographie, on me permit de choisir un échantillon qui se voulait représentatif, peut-être une centaine de pièces. Finalement la Division des manuscrits décida de préserver tous les dossiers de correspondance qui formait un bloc énorme. Cette documentation permettrait aujourd’hui d’établir combien de propositions provenaient du Québec ou d’organismes francophones à travers le Canada. Il s’agirait d’un travail de longue haleine qui fournirait des données importantes et probablement surprenantes.
[49] Mathieu FRAPPIER, op. cit.
[50] Reste à savoir si, de façon générale, la pratique de faire parvenir des lettres à l’éditeur n’était pas plus répandue chez les anglophones que les francophones.
[51] Prospère Boulanger, député de Mercier, s’étonnait et se réjouissait de voir ces compatriotes anglais, connus pour leur flegme, sortir de leurs gonds, car ceci démontrait qu’ils croyaient en leur cause. John Ross MATHESON, op. cit., p. 94.
[52] Alistair B. FRASER, « A Canadian Flag for Canada » chapitre V de The Flags of Canada : http://www.fraser.cc/FlagsCan/Nation/CanFlag.html#n48 : « It catered to the biases of many people to believe that the division between the imperial loyalty and the national loyalty ran down the middle of the Ottawa River. Actually, the division did not lie as much between the French and English cultures as it did between the English-Canadian nationalists and English-Canadian imperialists. Although Francophone nationalists were active in the controversy all along, they recognized that no significant progress could be made until the Anglophones got their act together. » Peter NEWMAN exprime la même opinion dans op. cit., p. 361.
[53] http://www.heraldicscienceheraldique.com/arms-and-devices-of-provinces-and-territories.html, fig. 8, 10-11 et Auguste VACHON, « La céramique armoriée d’importation, reflet du nationalisme canadien (1887-1921) » dans Genealogica & Heraldica : Actes du 22e congrès international des sciences généalogique et héraldique à Ottawa 18-23août 1996, Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, 1998, p. 483-504.
[54] http://www.heraldicscienceheraldique.com/arms-and-devices-of-provinces-and-territories.html, fig. 47.
[55] http://heraldicscienceheraldique.com/royalty-mingling-with-beavers-and-maple-leaves.html.
[56] http://www.heraldicscienceheraldique.com/arms-and-devices-of-provinces-and-territories.html : figures 56-57.
[57] http://heraldicscienceheraldique.com/ldquothe-maple-leaf-foreverrdquo-a-song-and-a-slogan--the-maple-leaf-forever--une-chanson-et-un-slogan.html et http://heraldicscienceheraldique.com/land-of-the-maple.html.
[58] Eric A. Winkler (Grey-Bruce), Débats de la Chambre des communes, 26e législature, 2e session, vol. 6 (6916-6917), 12 août 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_06/1130?r=0&s=3 (images 1130-1131).
[59] Winkler, Débats ..., (6914-6915), http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_06/1128?r=0&s=3, (images 1128-1129); Percy Verner Noble (Grey-Nord), Débats…, 26e législature, 2e session, vol. 6 (6920), 12 août1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_06/1134?r=0&s=1 (image 1134). Noble cite une lettre reçue d’un chef amérindien qui dit : « Nous avons appris à respecter notre allégeance à la couronne britannique. » Thomas Bell (Saint-Jean-Albert), Débats …, 26e législature, 2e session, vol. 7 (7434-7435), 26 août1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_07/556?r=0&s=2 (images 556-557). Bell cite le Chronicle Herald qui rapporte que Jean Lesage, premier ministre du Québec, aurait dit à Londres en 1963 : « les Canadiens français, dans l’ensemble, considéraient Londres et la Couronne comme leur grand protecteur. … Le Canadien français est royaliste. Ne l’oubliez pas. »
[60] John Ross MATHESON, op. cit., p. 120-122, 224-225.
[61] Lester B. Pearson Débats de la Chambre des communes, 26e législature, 2e session, vol. 10 (11219), 11 décembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/787?r=0&s=1 (image 787).
[62] Alan B. BEDDOE, « The Historical and Constitutional Position of Heraldry in Canada » dans Heraldry in Canada / L’Héraldique au Canada, vol. 3, no 1 (mars 1969), p. 7. Il exprime la même idée dans son ouvrage Beddoe’s Canadian Heraldry, Belleville, Mika Publishing [Ontario], 1981, p. 22.
[63] John Ross MATHESON, op. cit., p. 110.
[64] https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2016/as-sa/98-200-x/2016016/98-200-x2016016-fra.cfm.
[65] Débats de la Chambre des communes, 26e législature, 2e session, vol 10 (11214-11215), 10 décembre 1964, http://parl.canadiana.ca/view/oop.debates_CDC2602_10/782?r=0&s=3 (images 782-783).
[66] Signataires : 1) Donald G. Creighton, professeur d’histoire à l’Université de Toronto; 2) Eugene Forsey, directeur des recherches au Congrès du travail du Canada à Ottawa; 3) Mme H.A. Doyle d’Edmonton; 4) William L. Morton, professeur d’histoire au University College, Université du Manitoba; 5) Thomas H.B. Symons, président et vice-chancelier, Université de Trent, Peterborough; 6) Jean Palardy, auteur, directeur de films, Montréal; 7) Denis Smith, président adjoint et professeur adjoint des sciences politiques à l’Université de Trent, Peterborough; 8) David M. Harley, avocat et conseiller juridique, Toronto; 9) Eric McLean, critique musical, Montréal; 10) Walter Pitman, chef du département d’histoire, Kenner Collegiate, Peterborough; 11) le docteur MacGregor Parsons, Red Deer, Alberta; 12) Scott Bull Symons, romancier et conservateur des collections canadiennes au Musée royal de l’Ontario.
[67] C.P. CHAMPION, op. cit., p. 178.
[68] Ibid., p. 177-178.
[69] Jean-Guy LABARRE, Non au Drapeau canadien, Montréal, Éditions actualité, 1962, p. 125.
[70] Auguste VACHON, « Why Was the Beaver Left Out of Canada’s Coat of Arms? » : http://www.heraldicscienceheraldique.com/why-was-the-beaver-left-out-of-canadarsquos-coat-of-arms.html.
[71] Rick ARCHBOLD, op. cit., p. 77.
[72] John Ross MATHESON, op. cit., planches après p. 136.
[73] Howard M. CHAPIN, « Canadian Municipal Arms » dans The Canadian Historical Review, vol. 18, no 3 (sept. 1937); Ian L. CAMPBELL et Marion I. CAMPBELL, The Identifying Symbols of Canadian Institutions, part III, The Identifying Symbols of Canadian Municipalities, Canadian Heraldry Associates, 1990, 2 vol.
[74] https://heraldicscienceheraldique.com/les-origines-du-castor-et-de-la-feuille-drsquoeacuterable-comme-emblegravemes-canadiens.html.