Introduction
Par leur nature symbolique, les emblèmes ont tendance à s’entourer de récits fabuleux. Les armoiries des Visconti, généralement décrites comme un serpent (guivre) dévorant un enfant, présentent une image tellement sinistre qu’on se demande spontanément quelle en est la signification. Comme on pouvait s’y attendre, le serpent et sa proie humaine ont engendré plusieurs légendes de sorte qu’il est impossible aujourd’hui d’en connaître l’origine précise ou la signification. Traditionnellement, le symbolisme héraldique entourant les exploits des héros ou les miracles des saints devient accepté comme étant folklorique de sorte qu’on se préoccupe rarement d’en démêler le vrai du faux. Toutefois, la fabrication de mythes qui naissent spontanément de la conscience collective n’est pas exclusive aux temps reculés. C’est une tendance humaine qui persiste encore aujourd’hui, par exemple dans le symbolisme que certains attribuent aux pointes de la feuille d’érable du drapeau Canadien adopté en 1965 et à la chaîne de la licorne des armoiries du Canada qui datent de 1921. La notion que les onze pointes de la feuille d’érable sur le drapeau du Canada représentent obligatoirement des divisions géographiques ou politiques du pays est anodine, bien qu’elle ait des répercussions encore aujourd’hui. Par contre, l’idée que la chaîne de la licorne dans les armoiries du Canada puisse signifier l’asservissement des Canadiens français en général et des Québécois en particulier prend une tournure accusatrice qu’il y a lieu de démontrer ou de démentir preuves à l’appui.
Certaines assertions formulées sans preuves documentaires deviennent acceptées comme des vérités à force de les répéter. Plusieurs d’entre elles ont un côté alléchant. Par exemple, il serait intéressant de démontrer, en s’appuyant sur de solides données, que des Canadiens ou visiteurs au Canada considéraient la feuille d’érable comme un symbole du pays au temps de la Nouvelle-France. Dans la même veine, d’aucuns ont conclu que les Canadiens français furent les premiers à adopter le castor et la feuille d’érable et que les Canadiens anglais se sont approprié ces emblèmes par la suite. Mais cette vision repose-t-elle sur une documentation probante? Bien que réitérée à maintes reprises, la prétention que la Société Saint-Jean-Baptiste a officiellement adopté la feuille d’érable en 1834 résiste-t-elle à l’analyse?
J’ai souvent remarqué que plusieurs historiens bien connus ont tendance à se fourvoyer lorsqu’ils abordent des sujets qui touchent aux emblèmes. Au Canada, comme dans bien d’autres pays, l’héraldique est généralement mal connue et une grande partie des sources pour l’étudier restent à être répertoriées. Cette lacune explique, au moins en partie, la tendance à se fier à des écrits antérieurs sur le sujet. Beaucoup reste à faire. Au-delà des textes portant spécifiquement sur les emblèmes et qui sont plus faciles à retracer, il y a des mentions et descriptions de drapeaux, d’armoiries et de symboles qu’on repère au hasard des recherches, par exemple dans la correspondance administrative, les récits de voyage, les relations d’événements ou les descriptions de lieux. Repérer, transcrire et indiquer la source de ces précieuses bribes de connaissances qu’on retrouve dans des fonds d’archives souvent énormes constituerait un travail de bénédictin ou d’équipes bien organisées, mais contribuerait de manière significative à l’avancement du savoir dans la discipline. Il n’en incombe pas moins aux historiens qui se spécialisent en héraldique de tenter de démêler le vrai du faux en se fondant sur les documents fiables d’époque dont ils disposent.
Certaines assertions formulées sans preuves documentaires deviennent acceptées comme des vérités à force de les répéter. Plusieurs d’entre elles ont un côté alléchant. Par exemple, il serait intéressant de démontrer, en s’appuyant sur de solides données, que des Canadiens ou visiteurs au Canada considéraient la feuille d’érable comme un symbole du pays au temps de la Nouvelle-France. Dans la même veine, d’aucuns ont conclu que les Canadiens français furent les premiers à adopter le castor et la feuille d’érable et que les Canadiens anglais se sont approprié ces emblèmes par la suite. Mais cette vision repose-t-elle sur une documentation probante? Bien que réitérée à maintes reprises, la prétention que la Société Saint-Jean-Baptiste a officiellement adopté la feuille d’érable en 1834 résiste-t-elle à l’analyse?
J’ai souvent remarqué que plusieurs historiens bien connus ont tendance à se fourvoyer lorsqu’ils abordent des sujets qui touchent aux emblèmes. Au Canada, comme dans bien d’autres pays, l’héraldique est généralement mal connue et une grande partie des sources pour l’étudier restent à être répertoriées. Cette lacune explique, au moins en partie, la tendance à se fier à des écrits antérieurs sur le sujet. Beaucoup reste à faire. Au-delà des textes portant spécifiquement sur les emblèmes et qui sont plus faciles à retracer, il y a des mentions et descriptions de drapeaux, d’armoiries et de symboles qu’on repère au hasard des recherches, par exemple dans la correspondance administrative, les récits de voyage, les relations d’événements ou les descriptions de lieux. Repérer, transcrire et indiquer la source de ces précieuses bribes de connaissances qu’on retrouve dans des fonds d’archives souvent énormes constituerait un travail de bénédictin ou d’équipes bien organisées, mais contribuerait de manière significative à l’avancement du savoir dans la discipline. Il n’en incombe pas moins aux historiens qui se spécialisent en héraldique de tenter de démêler le vrai du faux en se fondant sur les documents fiables d’époque dont ils disposent.
AUGUSTE VACHON
héraut Outaouais émérite
héraut Outaouais émérite